Le consentement éclairé
Note : Dans le présent document, les termes employés pour désigner des personnes sont pris au sens générique; ils ont à la fois valeur d’un féminin et d’un masculin.
Le consentement éclairé, c’est la ligne de démarcation entre le BDSM ou les cordes et l’abus, c’est la base du SSC « Safe, Sane et Consensual » (voire RACK (Risk, Aware, Consensual, Kink), La conscience des risques dans les cordes, dans le BDSM, Mes responsabilités ).
Lorsque l’on parle de consentement éclairé, on pense à l’accord entre deux personnes qui vont s’emmêler d’une manière ou d’une autre ( « jouer » ou former une sorte de relation d’échange d’énergie).
On dit toujours qu’il faut « négocier » avant, qu’il faut « apprendre à nous connaître » afin de comprendre quel genre d’interaction est souhaité, comment les choses peuvent se dérouler, etc.
De toute évidence, le consentement ne s’arrête pas là. Le mot caché ou implicite dans le consentement éclairé est « en cours » . À mesure que la relation évolue, la situation peut changer. C’est la raison des safewords et des boucles de rétroaction. Un « oui » ne suffit pas ! Tout au long de la relation, la personne soumise doit continuer à accepter, parce que dès qu’elle dit « non » , il n’y a plus de consentement.
Le consentement éclairé est assez facile à comprendre lorsque l’on pense à deux personnes acceptant quelque chose. Les deux parties doivent évidemment être capables d’être « informées » (ce qui exclut les personnes mentalement, psychiquement incapables) et le consentement doit être positif ou enthousiaste (ce qui exclut la force ou le chantage).
Mais pour que le BDSM ou que les cordes soient éthiques, le consentement va plus loin que les deux parties directement impliquées.
Lorsque l’on est en public, les individus autour de nous n’ont pas consenti à être impliqués dans notre scène. Les règles de civisme s’appliquent, il s’agit donc de définir et de comprendre ce qui est socialement acceptable.
On entend souvent des pratiquants dire que « ceux qui viennent dans la soirée ou des représentations de cordes sont supposés être tolérants et doivent accepter que l’on pratique différemment » , « le BDSM est l’acceptation des différences » , « ils ne sont pas obligés de regarder » et en général oui. La plupart des individus considèrent et pensent que l’obligation de consentement s’étend uniquement à la scène, ils ont faux !
Définition
Le consentement est un accord explicite aux actes, termes et conditions. Cela peut être confirmé verbalement et / ou par écrit.
Le consentement éclairé est l’idée que le consentement est donné avec suffisamment d’informations et de compréhension de ce qui est convenu. Comme dans la société vanille, une altération de l’état mental ou des capacités de prise de décision est considérée comme un état dans lequel le consentement éclairé et rationnel ne peut être offert. Le consentement donné sous la contrainte et la pression peut également ne pas être accepté.
Le consentement simultané est lorsque le consentement est donné et comment il peut être révoqué. Si quelqu’un dit « non » , « arrête » ou toute autre chose indiquant un « non » ou un « stop » , il y a obligation d’arrêter. Cela peut entrer en conflit avec des concepts tels que le TPE (Echange Total d’Energie) et le CNC (Non-Consentement Consensuel). C’est une zone de conflit important au sein des communautés BDSM ou de cordes .
Consentement non consensuel ou CNC
Le non-consentement consensuel, aussi appelé le méta-consentement, c’est un accord mutuel pour pouvoir agir comme si la personne soumise est toujours consentante. Il s’agit d’un accord où le consentement global est donné à l’avance, dans l’intention d’être irrévocable dans la plupart des circonstances. Cela se produit souvent sans connaissance préalable des actions, scènes.
Le non-consentement consensuel est considéré comme une preuve de confiance et de compréhension extrêmes. Il est controversé dans les cercles de BDSM ou de cordes , même souvent mal vu en raison de préoccupations au sujet de l’abus et de la sécurité. Il est principalement limité aux relations Maître/esclave en 24/7 .
Les aspects légaux
Plusieurs pratiques BDSM ou de cordes sont considérées comme illégales et tombent sous les définitions de viol , agression ou crimes ou délits similaires , si elles sont effectuées sans consentement. Cependant, la plupart des systèmes juridiques prévoient une défense générale selon laquelle les activités exécutées avec le consentement de la victime ne doivent pas être considérées comme un crime ou un délit. Cela soulève certaines questions juridiques et éthiques , telles que:
- Qu’est-ce que le consentement ?
- Qui peut exprimer un consentement ?
- Quand définissons-nous le consentement comme donné ?
- Quand le consentement donné est-il invalidé ?
- Et y a-t-il des activités que nous ne pouvons toujours pas permettre, même avec le consentement de la victime ?
La question du consentement dans BDSM ou dans les cordes a provoqué une controverse dans la communauté BDSM ou de cordes dans certains pays, puisque certaines activités (y compris certains types de jeu de rôle ) restent illégales même lorsque le consentement a été donné librement. Dans ces pays, ces activités seront toujours considérées par les forces de l’ordre comme illégales lorsqu’elles sont découvertes, même si les activités ont été entièrement privées. L’affaire Spanner en Angleterre démontre le point, où les participants à une partie de jeu BDSM mutuelle consensuelle ont été arrêtés. À tous les stades, la Cour nationale et européenne a statué contre eux sur la base qu’une personne de droit ne peut consentir à autre chose qu’une blessure mineure. Les personnes intéressées peuvent penser que les activités mutuelles privées ne devraient pas faire l’objet d’une politique publique, opinion qui a un certain fondement juridique aux États-Unis mais pas en Europe !
La condamnation de Glenn Marcus, le 5 mars 2007, à propos de la traite sexuelle et du travail forcé a ravivé le débat sur cette question. De même, en avril 2007, deux hommes britanniques ont été reconnus coupables de détention arbitraire dans une affaire où une tierce partie qui avait été traitée comme un chien n’avait pas été consensuelle.
La manipulation et l’abus
Il faut bien comprendre et avoir conscience que souvent la personne Top (Dom, Maître ou encordeur) commence souvent sa manipulation ou ses abus de manière insidieuse. La personne bottom ressentira un sentiment de gêne qu’elle aura du mal au départ à traduire avec des mots. Forcément qu’elle aura du mal à en parler.
Ce sentiment de gêne surtout si il est répété finira par provoquer un « microtraumatisme » avec tout son cortège de symptômes neurovégétatifs : accélération du rythme cardiaque et respiratoire, sudation, sensation subjective d’angoisse, etc. Il faut savoir que pour cette personne bottom, les répercussions au début sont principalement d’ordre somatique : fatigue et diminution de l’appétit ou boulimie. A ce stade, les personnes bottom peinent à faire le lien entre les microtraumatismes et leur soudaine baisse d’énergie ou leur problème d’appétit. Le stade suivant verra des éléments dépressif plus affirmés : tristesse, perte de plaisir, perte de l’estime de soi. Ce stade va bien aider la personne manipulatrice dans ses actes, car elle prendra appui sur ce stade, pour aller plus en avant dans ce qu’il entreprend avec la personne bottom. tout cela va engendrer des répercussions importantes dans les relations sociales, professionnelles et familiales.
Ces personnes bottom seront écrasées par la culpabilité, penseront qu’elles sont de piètre bottom.
A cela va se rajouter de nombreux autres troubles, des addictions vont apparaître, des troubles du sommeil… Les troubles du passé vont ressurgir dans la conscience…
Le gros problèmes que pointent ces manipulateurs, ces personnes abusives dans nos communautés BDSM ou de cordes, c’est qu’en étant Top, forcément que l’on va repousser les limites de la personne bottom. Comment savoir pour une personne extérieure si la personne Top reste dans les limites consensuelles de la personne bottom ?
Le recul de ces limites est ancré dans nos représentations d’une pratique BDSM ou de cordes.
De même que lorsque la bottom vit un subspace, elle aura une conscience altérée, de ce fait elle aurai moins conscience de ce que fait le Top. Il est facile à ce moment là de profiter, d’abuser de la personne bottom, et vu qu’elle ne réagira pas, il peut aisément prendre sa non-réponse comme un oui ! Se déculpabiliser, se déresponsabiliser en prenant comme raison, sa non-réponse, ou qu’elle n’ait rien dit !
Les deux types de DomSpace
Subspace ou DomSpace sont des mots qui dérivent de « hyperspace » . Et quand nous parlons d’hyperespace, nous nous référons à l’espace hypothétique de plus de trois dimensions, qui a été emprunté à la science-fiction pour décrire l’espace d’un vaisseau spatial qui traverse d’énormes distances à travers un « trou de ver » ou pli spatial (terme utilisé dans Star Trek).
Le DomSpace est un état de conscience intense et accrue ou altérée qu’une personne dominante peut ressentir pendant une scène BDSM ou de cordes. Cet état altéré est provoqué par des changements chimiques cérébrales.
Lors d’un DomSpace, au niveau neuronal cela ressemble beaucoup au Subspace. Le corps libère de l’épinéphrine, des endorphines, des enképhalines (ou encéphaline) et de l’adrénaline dans le cadre de la réponse « combat ou fuite » , produisant un effet semblable à la morphine. Il y aura des sensations hors du corps et des sens ou capacités altérés, une vision altérée, un état d’esprit hallucinogène et un détachement total de la réalité. La réduction de la capacité à communiquer associée à l’engourdissement dû à des niveaux élevés d’endorphines peut entraîner des blessures ou des dommages à la personne soumise si la personne dominante impliquée est moins expérimentée, ne sait pas quels signaux surveiller. D’autre part, dans un subspace, la personne soumise peut supplier pour plus de stimulation physique et émotionnelle. C’est dans ce genre de situation que la personne dominante doit garder le contrôle de la situation et ramener la personne soumise en toute sécurité.
Le DomSpace trompeur ou le faux DomSpace
Le faux ou le DomSpace trompeur est dangereux, il n’a plus aucun contrôle sur la situation, ni sur lui-même… C’est une perte de contrôle et de maîtrise.
C’est un état de conscience altérée !
Un Dominant peut perdre le contrôle de lui-même et aller trop loin. La personne dominante ou l’encordeur vivant un faux DomSPace n’aura pas le bon retour, la boucle de rétroactions sera altérée : sa perception de l’environnement, de ce qu’il fait et produit, de ce que vit la personne soumise, de l’état émotionnel et physique de la personne soumise, du temps, etc. Comme si une désynchronisation se ferait entre la conscience et l’inconscience. La personne dominante n’a plus conscience de ce qu’elle génère, engendre, etc. La personne dominante va vivre elle aussi un lâcher-prise. Elle va lâcher-prise au niveau de sa maîtrise. Ce DomSpace va la première fois arriver de manière insidieuse. Il ne prendra conscience de son DomSpace qu’à la fin de la scène ou trop tard pendant la scène. Il faut garder à l’esprit pour la personne dominante que ce DomSpace peut arriver n’importe quand, il ne prévient pas !
En aucun cas, le faux DomSpace ou le DomSpace trompeur peut permettre à la personne dominante de se déculpabiliser, de se déresponsabiliser !
Le « bon » DomSpace
Le « bon » DomSpace est un état de conscience intense et accrue, la boucle de rétroactions sera accrue.
Le vrai ou bon DomSpace, est celui dans lequel il aura un sentiment d’amplification, être hors de soi tout en étant plus que jamais soi-même, pur, concentré, un sens élargi de l’intuition, une conscience accrue, il aura une perte de temps, mais pas une perte des distances, de l’espace. Une connexion plus forte que d’habitude avec la personne soumise ou l’encordée.
Il y la nécessité d’éduquer les personnes Dominantes ainsi que les Encordeurs au consentement éclairé !
One thought on “Le consentement éclairé”