Ma voie de la connexion dans le BDSM ou dans les cordes
Respecte-toi, et tu respecteras la vie. L’être s’y retrouve et s’y découvre, plonge dans sa source et s’illimite. je vous invite à découvrir mon sens du BDSM, cette voie michi (道) abrupte d’éveil qui mène au satori (悟り).
Cette voie qui illumine, qui sacralise la « connexion« .
Sommaire :
Introduction
Kokoro 心 -> le coeur ou l’âme
La posture mi 身 -> la position d’une personne, le self, l’âme et l’esprit.
Le hara 腹 -> l’intention
Zanshin 斬新 -> il faut apprendre à penser avec ses doigts.
Le satori 悟り -> éveil, subspace
Yuuki 勇気 et Itami 痛み -> la souffrance est la perception mentale de la douleur
Tatemae 建前 et Honne 本音 -> le « Moi externe » et le « Moi interne »
Seishin 精神 -> la connexion
Introduction
Le BDSM ou les cordes permettent d’améliorer ses capacités physiques afin de repousser ses limites. Les impacts BDSM ou les cordes contrôlées ouvre le corps et la conscience à une préparation à la douleur, donc à la souffrance. La question de l’ajout d’une douleur physique infligée consentie par le Maître ou l’encordeur permet, par l’apprentissage, de différer le moment où la douleur devient intolérable, en repoussant le degré de sensibilité. Rien de tel que d’être confronté à la douleur et à la souffrance pour passer le cap de ses propres peurs. Lorsque l’esprit cède sous la panique, le corps n’est plus capable de réactions justes. Le BDSM et les cordes amènent peu à peu les pratiquants vers plus de paix intérieure et extérieure. On peut penser que le BDSM ou les cordes représentent un archaïsme complet dans une société qui se shoote aux antidouleurs, antidépresseurs et autres stupéfiants pour oublier son mal être. Comment faire croire que l’apprentissage de la douleur, le contrôle de la souffrance sont une démarche pas si idiote que ça et choisie par une personne mentalement équilibrée ? Nous ne sommes pas dans la torture mais dans un apprentissage contrôlé ! Cette douleur, cette souffrance apporte de l’endurance et la connaissance de ses réelles limites. Effacer son orgueil, gommer son ego, laisser sur le côté ses peurs irrationnelles, aller à la rencontre de soi… Le BDSM et les cordes ont un sens qui dépasse les époques et les cultures.
Finalement le but du BDSM et des cordes n’est pas de se préparer à mourir et/ou à être le plus fort, mais bel et bien à vivre sereinement et à faire la paix avec soi. En cela le BDSM et les cordes ne diffèrent pas de la sentence qu’énonçait le philosophe Chilon de Sparte, repris par Socrate comme clé de voûte de sa philosophie dans l’antiquité : γνῶθι σεαυτόν (connais-toi toi-même -> et tu connaîtras le monde).
Respecte-toi, et tu respecteras le BDSM, les cordes, ne pas oublier que pour être respecter, il faut être respectable.
Dans le BDSM, qu’il soit dans la dominance ou dans la soumission, l’être doit s’y retrouver et s’y découvrir. En plongeant dans sa source et en s’illimitant, qu’il soit dans la dominance ou dans la soumission, tout être doit y vivre son réveil, pour atteindre l’éveil de ses sens.
Dans la pratique du BDSM ou des cordes, il faut chercher à unifier deux entités en fait indissociable, le corps et l’esprit.
C’est dans le silence que l’on se défait de la solitude.
Kokoro 心
Le mot Kokoro (心) qui se prononce aussi Shin est lui aussi proche du mot esprit et s’utilise pour désigner fréquemment le coeur ou l’âme. Son utilisation la plus courante est celle de coeur, non pas l’organe (qui se dénomme par Shinzou), mais au sens d’affects, de sentiments.
La posture mi 身
L’idéogramme Mi (身) prononcé lui aussi Shin est utilisé le plus fréquemment pour désigner le corps, mais peut aussi se traduire et signifier une personne, la position d’une personne, le self, l’âme et l’esprit. Tout comme le kokoro, cet idéogramme a une portée plus large que le simple terme de « corps » désigne de façon similaire l’esprit et l’âme, mais aussi, et c’est ce qui nous ramène à la notion du Moi dans le couple BDSMiste. Le mi désigne le self et la personne dans le cadre de sa relation de couple BDSM. Pour résumer le terme Mi, dans ses deux sens et graphies, se distingue de l’utilisation occidentale des termes « corps » et « esprit » et désigne, à la fois la notion de corporel (le coeur, le corps) et de mental (l’âme, l’esprit, les sentiments) et se relate aussi à la société environnante dans le cas de l’idéogramme Mi.
La posture elle-même est satori, l’éveil. N’oublions jamais que la posture exclut l’imposture ! Comme a dit Taisen Deshimaru :”Pourquoi ne pas s’éveiller de notre rêve ?”
Pour moi, la vie vanille m’emprisonne plus qu’elle me libère. De nos jours, internet tient lieu de religion. Le jour nous sommes mal éveillés et la nuit, nous dormons mal. Le souci nous ronge et l’angoisse nous lamine tel un rouleau compresseur. Nous ne nous connaissons plus, et pourtant, se connaître soi-même, c’est connaître le monde !
La posture d’une soumise comme la posture d’un Maître est leur éveil dans le BDSM. L’éducation passe par l’enseignement de la posture, qui est la transmission de l’essence du BDSM. La pratique du BDSM, des cordes doit éveiller le corps et l’esprit. Le BDSM et les cordes ne peuvent pas être enfermés dans un concept, dans une théorie, dans une pensée ou dans une parole, cela demande à être pratiqué, ne jamais oublier que le BDSM ou les cordes sont une expérience !
Dans le BDSM ou dans les cordes, l’importance est le présent. Trop de personnes parlent du BDSM au passé ou au futur, alors qu’ils devraient être attentif à leurs actes, actions, paroles et pensées du moment. Il faut être présent dans chaque geste, dans chaque pratique, il faut se concentrer ici et maintenant au moins pendant une scène, c’est un minimum.
Pratiquer le BDSM, c’est nous trouver,
nous trouver, c’est nous retrouver,
nous retrouver, c’est s’oublier,
s’oublier, c’est trouver notre nature originelle,
trouver notre nature, c’est nous connecter,
nous connecter, c’est vivre ici et maintenant,
la magie de l’instant,
le réveil d’une nature,
l’éveil de notre relation.
Baikal
Le hara 腹
Le BDSM (les cordes) n’est pas une compétition, il n’y a pas de concurrence, le but n’est pas d’être le meilleur, mais simplement de s’élever dans une plus grande maîtrise de soi, dans un plus grand contrôle de l’énergie, dans l’abandon de l’égo (l’égo est le moi personnel et possessif, producteur d’illusion), dans une communication plus profonde, dans une connexion des âmes (corps et esprit). En temps que Maître, servir la relation, c’est tendre vers un 1 + 1 = 1, c’est-à-dire modifier, changer le hara (centre de gravité du corps) pour aller vers un hara relationnel.
Le terme hara signifie le courage, la pensée, l’esprit, l’âme, la volonté ou encore l’intention. Le hara est considéré comme le siège de l’esprit et de l’âme, où la pensée les sentiments et les affects tels que le courage et la volonté se localisent. Il est aussi considéré comme le centre physique du corps, centre de gravité et point d’équilibre du corps concentrant les forces vitales, appelées «Ki».
Zanshin 斬新
Il faut vivre son BDSM, ses cordes de manière zanshin (Zanshin est un état d’être où l’esprit est totalement vigilant et pleinement conscient de son environnement. L’esprit n’est attaché à rien et est totalement présent dans chaque geste, ici et maintenant). Vous êtes dans une action dans votre scène, vous êtes en symbiose avec votre soumise, votre encordée. Que votre scène soit finie, mais vos esprits doivent demeurer dans votre scène, il doit y avoir une forme de résonance. Même si la scène ou la corde est finie, cela ne doit pas signifier la fin de l’action. On entre dans une scène ou dans une corde par le corps ou par l’esprit, mais l’esprit doit demeurer en soi, cela doit faire écho. Voilà la raison pour laquelle il faut encorder de manière zanshin, c’est l’esprit qui demeure, sans s’attacher. L’esprit doit rester vigilant, on prend soin de l’action et l’on reste attentif à ce qui peut survenir ensuite. On pourrait définir zanshin par prêter attention à l’autre. N’oubliez jamais comme le disait Anaxagore de Clazomène : “L’homme pense parce qu’il a une main.” Il doit y avoir une relation entre notre pensée et nos doigts, il faut apprendre à penser avec ses doigts.
Le satori 悟り
Le problème d’une scène, d’une corde, ce sont les pensées qui surgissent sans cesse, les problèmes quotidiens qui remontent à la surface, les désirs, les anxiétés qui nous assaillent sans relâche. Il ne faut ni lutter contre, ni se fixer dessus, c’est penser sans penser. il faut laisser passer sans entretenir, sans garder. Toute personne soumise dans une scène ou dans les cordes qui essaie de maîtriser ses pensées, les sons, les images, les odeurs ne pourra pas atteindre l’éveil, le satori, le subspace. Idem pour toute personne dominante, elle ne pourra pas emmener sa soumise ou son encordée dans son éveil, son satori, son subspace.
Pour atteindre ou faire atteindre le satori, Il faut se concentrer sur sa posture, c’est-à-dire :
- entendre sans entendre,
- voir sans voir,
- sentir sans sentir,
- penser sans penser.
En se concentrant sur ses sens, en les unissant, en les harmonisant, alors elle pourra atteindre le satori, on pourra l’emmener vers son satori.
Il ne faut pas écouter ses résistances mentales, de plus notre société avec tous les artifices (média, internet, jouets, objets…) entravent l’évolution, et nous font régresser de l’activité à la passivité.
Au cours de la scène, l’expérience montre qu’il est plus facile d’atteindre cet état avec la douleur, la douleur est plus efficace que l’extase ! La meilleur concentration se découvre avec la douleur, certains disent même que la véritable et profonde concentration, la profondeur du ku (le vide, le ciel), le vrai satori est vacuité (ku), se trouve à la frontière entre la vie et la mort. Toute personne qui n’agit que par leur conscience et leur savoir n’atteindront jamais le satori.
Yuuki 勇気 et Itami 痛み
itami 痛み -> la proximité entre corps et esprit, mais aussi entre douleur morale et douleur physique.
Yuuki 勇気 -> se traduit par courage, bravour, valeur, il en faut du courage, de la bravour, des valeurs pour entrer dans une scène BDSM ou de cordes.
Ce qui fait percevoir la douleur est mental, la souffrance est la perception mentale de la douleur. A partir du moment où la soumise ou l’encordée est capable de calmer son mental en laissant les pensées, en se concentrant sur sa posture mi et sur sa respiration, l’esprit devient paisible et la douleur se calme. Accepter la douleur n’est pas inné, cela se travaille, cela demande un entraînement à l’effort par la pratique et dans la pratique, et donc une expérience. Il ne faut pas s’enfuir, il ne faut pas fuir la douleur, on ne se bat pas contre la douleur on se bat avec la douleur. Comme je l’ai dit maintes fois, on ne lutte jamais contre un torrent mais toujours avec. Souffrir, c’est toujours penser que l’on souffre ! Du coup on souffre davantage.
Des fois tout ce que nous avons relégué, refoulé dans les profondeurs de notre être, tout ce que nous avons tenté d’oublier, peut-être soudain réveillé et ramené à la surface, par des sollicitations, par des circonstances, des coïncidences. Ces contenus reviennent et deviennent souffrance. La posture et la respiration permettront de diminuer, d’atténuer voire de stopper cette souffrance. Il faut remettre les choses à la place relative qu’elles doivent avoir (voir l’histoire du miaou).
Tatemae 建前 et Honne 本音
Tatemae (建前) traduit par principe.
Honne (本音) traduit par vrai désir, motif, intentions réelles.
Le Tatemae, ou littéralement la façade, signifie ce qui est de principe en tant que règle établie (dress code), admise et appliquée par le couple BDSMiste tandis que le Honne (本音), le fond des choses, représente les pensées propres de pratiquant et serait lui relaté au kokoro (心) (coeur, esprit, âme).
Le « Moi interne » peut être mis en parallèle avec le Honne tandis que le « Moi externe » peut se rapprocher de la symbolique du Tatemae. La faculté qu’auront les BDSMistes à contrôler leur «Moi externe» c’est à dire leurs propres désirs, préférences ou souhaits est indispensable au maintien de l’harmonie du couple BDSMiste.
Seishin 精神
Le terme volonté en Japonais se traduit généralement par iyoku (意欲), mais aussi par le terme utilisé de façon générale pour esprit, seishin 精神, comme on peut le voir par exemple dans l’expression « Vouloir c’est pouvoir » traduisible par « seishin ittou nanigoto kanarazaran« , 精神一到何事か成らざら. Le terme de seishin est important à prendre en compte pour la compréhension du Moi.
Seishin se rapporte à la volonté, la morale mais aussi la pureté, le premier idéogramme composant ce terme sei (精) étant un caractère relaté à la pureté et la morale. Le contrôle de la balance entre Honne et Tatemae, ou le « moi intérieur » et le « moi extérieur » est donc fortement dépendant de l’esprit seishin. Avoir un « seishin faible » (seishin ga yowai) cela peut être une menace pour l’harmonie du couple BDSMiste et risque de déséquilibrer le couple. Avoir un « seishin » est propice à favoriser le sentiment de honte, « Haji (恥). Haji 把持 exprime aussi la tenue, la prise en main, ce qui exprime que pour le dominant avoir un seishin faible, cela apportera pour la personne dominante ou pour l’encordeur une très mauvaise prise en main, très mauvaise guidance, éducation, cela ne conduira pas à un Bondage (B) un Dom/soum (D/s) (voir Acronyme BDSM) propre. Un « seishin fort » (seishin ga tsuyoi) au contraire c’est en partie savoir utiliser des modes de communication implicites ou dits indirects,valeur importante dans le BDSM ou dans les cordes, et ce toujours dans le but de préserver l’harmonie du couple BDSMiste. Avoir une seishin fort pourra conduire notamment la personne dominante ou l’encorder vers un ishin denshin (以心伝心) (se traduit par « communication de coeur à coeur » on pourrait traduire cela aussi par connexion) vers une connexion au sein du couple BDSMiste.
3 thoughts on “Ma voie de la connexion dans le BDSM ou dans les cordes”
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Articles toujours instructifs sur une façon de voir qui est propre . Après à chacun d’y trouver ses réflexions personnelles comme il a été vu dans cette article. Un petit reproche je trouve les articles souvent trop fournies c’est à dire trop long à mon goût. Sinon très enrichissant. Ils aident à se construire… se trouver grâce à la réflexion qu’ils apportent. Merci Baikal pour le travail et le temps que tu consacre à les écrire et les partager.
Merci pour cette remarque constructive.
J’ai modifié l’article pour y mettre des ancres, sans doute sera-t-il plus facile de le lire, enfin je l’espère.
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