Abus, rituels et contrôle mental dans le BDSM ou les cordes
Note 1 : Dans le présent document, les termes employés pour désigner des personnes sont pris au sens générique, ils ont à la fois la valeur d’un féminin et d’un masculin.
Note 2 : Dans cet article, je vais essayer de vous parler de l’abus, des rituels et du contrôle mental dans le BDSM ou les cordes selon mon point de vue.
Lorsque l’on entre dans le BDSM ou dans les cordes, à un moment ou à un autre, on découvre des témoignages pas très agréables à lire, encore moins à vivre, des rituels, des sacrifices, des fois même ou la terreur et la souffrance est portée à son paroxysme. Une solution peut-être de tourner les talons, de rejeter ces témoignages car étant trop choquant et bousculant donc notre paradigme ; ou bien alors de les prendre en considération et les accepter comme étant une réalité de ce monde dans lequel nous vivons ou nous souhaitons aller. À partir de là, il est possible de creuser le sujet et de se rendre compte alors qu’il s’agit d’une sorte de boîte de Pandore. L’innocence, une fontaine de Jouvence pour certains ? La conscience immaculée d’une certaine rébellion aux systèmes étatiques, religieux ou éducatifs, une page blanche dont certains s’octroient le droit d’y graver ce qu’ils veulent ?
Canaliser les consciences est une clé de domination ici-bas. Le contrôle mental prend différentes formes, de la plus simple à la plus complexe. Les méthodes d’apprentissage et les programmes scolaires et universitaires sont une forme de modelage du futur adulte, l’information et le divertissement médiatique tentent de formater nos consciences selon un certain modèle, la pression sociale est aussi une forme de contrôle, les diverses pollutions alimentaires et environnementales altèrent notre cerveau et par conséquence notre capacité de raisonnement et d’analyse…. à ce stade, la population conserve encore à peu près son libre arbitre, elle peut se ré-informer, se débarrasser de sa TV, changer son mode d’alimentation, s’alléger du monde matériel pour se tourner vers le monde spirituel,… etc… Nous pourrions citer également le subliminal et la psychotronique comme outils pouvant influencer et contrôler la conscience humaine.
Le BDSM ou les cordes sont de fabuleux outils d’esclavage ou le libre arbitre de la bottom n’existe plus du tout (ou quasiment plus). Il est aisé d’entrer dans un contrôle mental basé sur le traumatisme et la manipulation du monde psychique (généralement son passé). Le contrôle mental peut être défini comme un « Mind Play » ou comme une « Mind Fuck » (ou plus communément appelé dans le monde vanille comme un « Mind Kontrol » (MK)). Le Mind Fuck est comme une torture systématique bloquant la capacité de la bottom à prendre conscience du traitement infligé. Des suggestions et du conditionnement seront utilisés pour implanter des pensées et des directives dans le subconscient, généralement dans de nouvelles identités (personnalités dissociées ou alters) créées par des traumatismes extrêmes, forçant la bottom par un mécanisme de protection naturel du cerveau, à agir, ressentir, penser ou percevoir les choses comme le souhaite le programmeur (le Top). L’objectif étant que la bottom suive des directives sans en avoir conscience, sans réfléchir, qu’elle obéisse. L’installation de ces programmes de Mind Fuck repose sur la capacité de la victime à se dissocier, permettant ainsi la création de nouvelles personnalités dormantes potentiellement programmables.
Lorsque ces processus de dissociation sont faites dans le but de faire vivre un voyage magnifique, là nous sommes dans du Mind Play, mais il est facile, la frontière est très perméable entre le Mind Fuck et le Mind Play.
La bottom est comme un morceau d’argile façonnable, lorsqu’elle est nouvelle, novice, son cerveau est en mode apprentissage, il est en mode « enregistrement », il n’est pas en capacité de critiquer les informations qu’il reçoit. Il emmagasine donc les données et construit ainsi les fondations de son subconscient qui dirigera 99 % de sa vie BDSM ou dans les cordes…
Les origines du contrôle mental
Les techniques de contrôle mental basées sur le traumatisme et le fractionnement de personnalité sont utilisées par de nombreuses organisations dans le monde entier, ses origines remonteraient à des milliers d’années, à l’époque de l’Égypte ancienne, de Babylone et des Religions des Mystères.
D’anciens rituels et pratiques ressemblaient beaucoup à du contrôle mental. Le « Livre des Morts » égyptien est un des premiers écris faisant référence à l’utilisation de l’occultisme pour de la manipulation mentale. Les tortures, les drogues, la magie, l’hypnose, la démonologie, avaient pour but de mettre l’individu en état de dissociation et d’esclavage total. Le satanisme a toujours fait appel à ce processus psycho-spirituel appelé « dissociation de la personnalité ». Ces pratiques de transe et de dissociation sont aussi vieilles que l’humanité.
La manipulation, la programmation et le contrôle mental sont des connaissances initiatiques qui, mises entre de mauvaises mains, deviennent un puissant outil.
Les Abus Rituels
Cette philosophie consistant à réduire un humain à l’état d’objet est satanique, qu’elle soit pratiquées par un médecin en blouse blanche, par un prêtre en toge noire ou par un Top lors d’une scène BDSM ou de cordes.
Le terme « Abus Rituel » a été employé pour la première fois en 1980 par un psychiatre canadien du nom de Lawrence Pazder. Il définit ainsi le phénomène: « Attaques physiques, émotionnelles, mentale et spirituelles répétitives, combinées avec l’usage systématique de symboles, de cérémonies et de manipulations à des fins malveillantes.«
En dépit des preuves détaillées d’abus rituels venant de témoignages d’enfants, de familles, de victimes adultes et de professionnels travaillant avec eux, en dépit de la remarquable cohérence de ces rapports à la fois nationaux et internationaux, des recoupements entre les affaires, la société dans son ensemble résiste encore à croire en cette réalité des abus rituels. Il reste cette croyance erronée que le satanisme et autres activités occultes sont isolées et rares. Ce problème n’est pas nouveau, mais la société ne fait que commencer à reconnaître la gravité et l’étendue de ce phénomène. Nous avons tous besoin d’apprendre sur ce sujet. Beaucoup de professionnels rencontrent des victimes de ces abus rituels mais ne saisissent pas forcément l’ampleur des abus. Le concept de l’abus rituel, selon lequel des groupes d’adultes terroriseraient et tortureraient des enfants afin de les contrôler, est effrayant et donc controversé.
L’abus rituel est une forme de maltraitance sur la bottom, comprenant de la violence physique, sexuelle et psychologique sous forme de rituels. Le mot rituel ne signifiant pas nécessairement « satanique » mais plutôt protocole ou méthode.
Cependant, la plupart des personnes ayant été abusées rituellement dans le cadre d’une scène BDSM ou de cordes, le but était de les endoctriner dans des croyances selon une certaine normalité dans les scènes. L’abus rituel est rarement isolé, il est généralement répété sur une longue période. Les abus sexuels sont douloureux, sadiques et humiliants. Cette pratique a pour but de dominer la bottom, la violence psychologique est dévastatrice, elle implique un endoctrinement. L’intimidation et la douleur terrorisent profondément la bottom, elle se retrouve dans un état de dissociation et de contrôle mental, ce qui rend la communication vers l’extérieur extrêmement difficile. Longtemps après, elles vivront encore dans cet état de contrôle.
Le but de ces violences ritualisées semble avoir trois raisons :
- Les rituels de certains groupes font partie d’une croyance dans laquelle la bottom est endoctrinée.
- Les rituels sont utilisés pour intimider et rendre silencieuses la bottom.
- Les éléments du rituel semblent tellement incroyables qu’ils nuisent à la crédibilité des témoignages et rendent les poursuites de ces crimes très difficiles.
En 2008, Une thèse intitulée « L’abus rituel: le point de vue d’intervenantes en agression sexuelle » a été déposée à l’Université du Québec en Outaouais. Voici le texte de présentation :
L’abus rituel demeure un sujet très peu connu des différents milieux d’intervention. Le manque de consensus quant à la façon de conceptualiser l’abus rituel et la controverse qui l’entoure nuisent à sa reconnaissance. Cette recherche qualitative comporte trois objectifs : documenter et analyser l’information concernant l’abus rituel, faire avancer les connaissances et la compréhension de ce genre d’abus à partir du point de vue d’intervenantes en agression sexuelle qui ont soutenu des femmes l’ayant subi dès la petite enfance, et contribuer à l’avancement des connaissances sur le sujet dans le milieu d’intervention francophone. Des entrevues semi-structurées ont été effectuées auprès de huit intervenantes qui pratiquent dans différents services d’aide aux victimes d’agression sexuelle et qui ont reconnu être intervenues auprès d’au moins deux survivantes d’abus rituel. Les résultats obtenus sont présentés en trois parties distinctes soit les résultats décrivant l’ensemble des caractéristiques appartenant au concept de l’abus rituel, ceux permettant de prendre connaissance des séquelles causées par ce genre d’abus et ceux qui découlent des expériences des participantes dans leurs interventions auprès des survivantes d’abus rituel. Cette recherche permet de reconnaître certains des problèmes relatifs à la conceptualisation de l’abus rituel dont l’utilisation du mot culte pour traiter du sujet. Il est d’ailleurs souhaité que la définition de l’abus rituel élaborée dans le cadre de cette recherche serve de point de départ lors de concertation entre intervenantes qui ont de l’expérience pratique auprès de survivantes d’abus rituel afin qu’elles s’entendent sur la façon de définir ce genre d’abus. Il est également recommandé que plus de recherches soient faites sur l’abus rituel notamment en ce qui a trait à la programmation, une méthode de contrôle de la pensée, et en matière de dissociation chez les survivantes d’abus rituel. Il est surtout nécessaire de développer plus de connaissances pratiques en intervention dans ce domaine. Plus de recherches devront également se pencher sur les liens existants entre l’abus rituel et le sadisme sexuel, ainsi que l’abus rituel et les réseaux d’exploitation sexuelle d’enfants.
Étant donné qu’il existe des récits historiques d’abus rituels remontant à plusieurs siècles et que des enfants dès l’âge de deux ans et des adultes de quatre-vingt dix ans continuent dans le monde entier à faire des récits d’abus en relation avec des traumas rituels, il serait temps de tirer la sonnette d’alarme quand au peu réalisé pour accroître la prise de conscience du problème par des professionnels. Bien que dans l’impossibilité totale de stopper ou d’éradiquer le problème, nous devons dépasser le déni et commencer à comprendre la dynamique de ces abus pour que nos paradigmes d’investigation puissent changer en conséquence.
Le processus de dissociation est un mécanisme de protection naturel face à une situation insupportable. Tout comme un disjoncteur permet d’éviter un court-circuit, cette fonction humaine permet de survivre à des événements extrêmement traumatisant et de pouvoir continuer à vivre ensuite de manière relativement normale. Selon la gravité des traumatismes, l’impact de la dissociation peut aller jusqu’au fractionnement de la personnalité.
L’amnésie dissociative
L’amnésie dissociative est intimement liée au Trouble Dissociatif de l’Individu (TDI). Elle est caractérisée par une incapacité à évoquer des souvenirs personnels importants, habituellement traumatiques ou stressants, cette incapacité ne s’expliquant pas par une mauvaise mémoire. Le trouble comprend une atteinte réversible de la mémoire, durant laquelle les souvenirs d’expériences personnelles ne peuvent pas être exprimés verbalement. Il ne peut pas s’expliquer non plus par l’effet physiologique direct d’une substance ou d’un facteur de maladie neurologique ou autre facteur médical. L’amnésie dissociative se manifeste la plupart du temps en tant que trou de mémoire ou d’un certain nombre d’oublis des aspects de l’histoire personnelle. Ces trous sont souvent associés à des événements traumatiques ou extrêmement lourds. Différentes formes de trouble de mémoire ont été décrites lors de l’amnésie dissociative. Lors d’une amnésie localisée, la personne ne se souvient pas des événements d’une période précise, d’habitude celle des premières heures suivant un événement extrêmement lourd. On comprend aisément pourquoi ces fonctions dissociatives et amnésiques de l’esprit humain peuvent être exploitées dans un but de manipulation et d’utilisation de la bottom.
La posture Top donnée à une personne peut lui permettre d’aller dans le Mind Fuck, et peut facilement devenir une véritable arme de contrôle mental indétectable.
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