Une introspection du BDSM ou des cordes ?
Note 1 : Dans le présent document, les termes employés pour désigner des personnes sont pris au sens générique, ils ont à la fois la valeur d’un féminin et d’un masculin.
Note 2 : Dans cet article, je vais essayer de faire une introspection du BDSM ou des les cordes selon mon point de vue.
Le BDSM est une source inépuisable de connaissances sur le monde et sur soi, il peut contribuer à façonner nos personnalités et nos modes d’existence.
Devenir BDSMiste, c’est toujours faire l’expérience du changement : franchir le seuil entre le monde vanille et un monde alternatif, explorer un autre monde, changer de repères, de codes, de règles, s’investir dans une autre mode de vie que la sienne, incorporer d’autres visions de la relation. Cette occupation (je sers mon Maître (pour la soumise) ou je sers la relation (pour le Maître) occupe mes actes et mes actions autant qu’il occupe mon esprit peut avoir des répercussions durables. C’est pourquoi le BDSM est considéré avec méfiance. On soupçonnait les pratiquants d’être atteint d’une maladie psychiatrique. Les temps ont changé. Le BDSM apporterait un équilibre psychologique aux pratiquants, il peut être vu comme un outil de connaissance de soi, de développement personnel et d’émancipation. En nous plongeant dans des univers mentaux, elle élargit nos connaissances, compréhensions et nos réflexions sur soi, nos capacités et nos compétences. Elle apporte aussi des vertus morales : elle développe notre empathie et notre acceptation de la différence. Elle aurait même le pouvoir de réparer les âmes blessées…
Qu’est-ce qu’une personne qui compte dans une vie ? C’est une personne qui résonne et qui nous fait vibrer, qui excite notre pensée, notre sensibilité et notre imagination, comme la vibration d’une corde de piano fait résonner son “âme”, cette corde placée au cœur de l’instrument. Une personne qui dessille notre regard, intensifie nos émotions, révèle des passions sourdes, attise un feu de souvenirs personnels, nous fait rire, nous console, nous soigne, nous inspire, nous convainc, nous embarque, nous nourrit, amplifie notre vie. Par sa puissance ou par sa soumission, Elle/elle laisse une empreinte. Peu de personnes dans une vie, ont cette capacité, lorsqu’on trouve cette personne, Elle/elle change notre vie, et pour toujours, on reste marqué au fer rouge.
Une telle expérience diffère des expériences vanilles. Les coups de foudre BDSM, existent-ils ? Souvent celui qui saisit et transporte mentalement une soumise, survient à un moment sensible, particulier dans la vie de la soumise. Souvent on trouve ce changement pour une personne entrante dans le BDSM, à la fin d’une phase ou parcours de sa vie, à un moment de remise en cause de soi, ou encore dans les phases d’épreuves, de changement ou de reconstruction : deuils, séparations, maladie… Beaucoup se trompent, souvent on trouve là les néophytes, les débutants, qui ne sont pas dans le BDSM, mais uniquement dans le SM, leur D/s n’est souvent qu’une théâtralisation (une Comedia Dell’art) de leur relation, mais l’âme, le coeur même du BDSM se trouve justement dans la D/s, c’est donc mental, psychologique, c’est un état d’esprit, une expérience de l’esprit. La personne dominante saisit et transporte bien la personne soumise mentalement !
Le choc BDSM s’explique parfois par un effet-miroir : la personne croit se déchiffrer lui-même à travers les mots et/ou maux de l’autre. Comme si les mots et/ou maux mettaient en musique les pensées et émois jusque-là confus, restés en sourdine.
Moins exceptionnellement, cette expérience du changement, expérience de l’esprit peut contribuer à une prise de conscience.
Pourquoi certains personnes dans le BDSM nous parlent-elles autant, au point de nous changer ? Une réponse tient à l’espace-temps qu’ils instaurent. L’expérience du changement, l’expérience de l’esprit autorise l’exercice de la réflexivité. Dans nos vies denses et hyperconnectées, elle ouvre un théâtre en marge du monde, à l’écart de son tumulte et de ses influences, où l’on peut enfin “être à soi” : rêver, penser, se poser des questions, tirer des fils, tisser des liens. C’est bien parce qu’elle ouvre un théâtre en marge du monde que les néophytes, débutants, novices théâtralisent leur BDSM, leurs cordes. Cela demande une certaine expérience et maturité pour aller au delà du scénario, au delà de la “Comedia Dell’Art”.
Nombreux sont les personnes soumises, les personnes encordées à apprécier les cordes ou les scènes, car pour elles, c’est un tremplin vers la “pensée spirituelle”. Méditation, rêverie, voyage mental… Les bons Maîtres transportent, dans tous les sens du terme.
Le BDSM ou les cordes nous ouvre donc aux autres, tout en nous incitant à un retour à soi. Introduisant en nous de l’ailleurs et de l’altérité, elle nous relie à la longue chaîne de notre relation ou de notre Maître. Les diverses expériences élargissent notre esprit, notre acceptation de la différence et explique l’intimité exceptionnelle que la personne soumise ou encordée ressent avec son Dominant, Maître ou encordeur. Les personnes soumise peuvent sentir vivre, parler, agir “en elles” les personnes Dominantes, Maîtres ou encordeurs. J’ai même personnellement entendue des personnes que j’avais encordé me dire que je parlais à mes cordes et que le pire, c’était que les cordes me répondaient !
Qu’est-ce qu’un Maître ou qu’une soumise qui compte pour nous ? C’est celui ou celle qui essaime dans notre âme et notre vie.
Le BDSM ou les cordes demeurent une forme de documentation sur soi incomparable. La relation va partout, y compris vers ce qui est invisible mêmes vers les accès interdits.