Pratiquer les cordes avec enthousiasme et sécurité
Texte dans lequel je me retrouve bien dedans, copié sur fetlife de NawaShiva, Stéphane Arnoux, French Bonds, Paris.
Que l’on fasse du Kinbaku, du Shibari, ou tout simplement des cordes, on entre dans une pratique héritée d’une sexualité alternative, pas du yoga ou du macramé. C’est un jeu qui se joue avec l’autre, dans la nécessité absolue d’un consentement éclairé. Nombre de jeux y sont possibles, du moment que les deux partenaires ont bien conscience de jouer au même jeu. Prétendre que les cordes « c’est du yoga », c’est possible à la condition… que ça reste du yoga. Mais les cordes peuvent également explorer des dimensions sensuelles, communicatives, émotionnelles, esthétiques, érotiques, relationnelles, sexuelles, thérapeutiques… Ce n’est pas la corde qui définit ce qui va se jouer entre deux personnes, c’est l’intention qui est portée dans la tension de la corde par celui qui attache, vers le corps de l’autre, vers son cœur, vers son âme.
Cadre, consentement et intention
Faire des cordes, c’est une double responsabilité individuelle. Celle de la personne attachée et celle de la personne qui attache. Le consentement est une condition absolument nécessaire mais insuffisante. Ce consentement doit être éclairé, c’est à dire conscient de ce qui peut être mis en jeu : du cadre et de l’intention. Comment consentir à une intention floue ? Le consentement doit pouvoir être donné librement et librement repris. Il doit être enthousiaste et serein, ne pas être étranger à son propre désir. Le cadre doit le mieux possible être défini ensemble avant la session, et respecté pendant. Il sera toujours possible de le redéfinir plus tard, lors d’une session ultérieure.
L’intention est ce qui va définir une session de corde. Celle-ci doit être partagée, à tout moment de l’échange dans les cordes. Quand l’attacheur communique une intention, il est de sa responsabilité d’écouter comment elle est reçue avant d’aller plus loin. Comme il est de la responsabilité de la personne attachée de connaître et de pouvoir exprimer ses limites.
Faire des cordes c’est souvent explorer sa relation à ses propres limites. Cela ne peut se faire qu’en prenant le temps, en communiquant avant et après les cordes, et pendant la session quand quelque chose est franchi qui rompt le consentement.
La contrainte par les cordes peut provoquer des décharges d’hormones comme les endorphines. C’est une des raisons qui peut, à juste titre, donner envie de les pratiquer. Cependant, ce n’est pas à ce moment là qu’il faut redéfinir le cadre, le consentement et l’intention.
Choisir son attacheur
Choisir la personne qui va vous attacher suppose de pouvoir connaître ses compétences en la matière. L’attacheur doit pouvoir au minimum maîtriser la technique qu’il compte appliquer, connaître et pouvoir communiquer les éléments de sécurité inhérents à ce qu’il fait. Comme on ne connaît pas toujours son propre désir et qu’il n’est pas possible de tout négocier avant une session de cordes, une des principales qualités requise pour attacher est l’empathie : la capacité à sentir, à repérer les tensions et les gênes de son/sa partenaire, les gestes, les modifications de la respiration ou de la température corporelle, les mouvements des mains… toute chose qui indique comment est reçue la proposition véhiculée par ou dans les cordes. Tout attacheur doit en outre être capable d’entendre qu’il a pu franchir une limite de l’autre et se remettre en question, accepter les retours et adapter sa pratique à ses partenaires.
Choisir son modèle
Choisir la personne que vous allez attacher requiert de connaître son désir, sa motivation à faire des cordes et de vérifier que ce désir est bien compatible avec le votre. Il est préférable également de connaître son niveau d’expérience dans les cordes, sa connaissance de soi, de son corps et de ses limites. Dans le doute, il est toujours préférable de revoir ses intentions à la baisse plutôt que prendre le risque de blesser l’autre, émotionnellement ou physiquement. Il est également préférable d’évaluer avant d’attacher, ou avant de poursuivre, la capacité du modèle à exprimer ses limites et son consentement, son plaisir ou son déplaisir.
La relation
La relation entre attacheur et modèle n’est pas seulement une juste correspondance d’attentes, formulées ou non. C’est avant tout une relation de communication verbale et non verbale. Georg Barkas la définit par la métaphore de l’interview. Attacher c’est demander à l’autre « est-ce que tu aimes ça » ? Et attendre la réponse (le plus souvent non verbale) avant de poursuivre. Une bonne relation de cordes est une relation dans laquelle les deux partenaires parviennent à un niveau de communication qui seul permet d’explorer les autres aspects de la relation.