Méthodologie et référentiel dans la recherche de la quête existentielle (la vérité dans le BDSM ou dans les cordes : partie 2)
Note 1 : Suite du premier article sur la vérité dans le BDSM ou dans les cordes.
Note 2 : Dans le présent document, les termes employés pour désigner des personnes sont pris au sens générique, ils ont à la fois la valeur d’un féminin et d’un masculin.
Note 3 : Dans cet article, je vais essayer de vous montrer une méthodologie, expliquer la raison et la nécessité d’un référentiel, afin de mettre en oeuvre son projet d’exister dans les cordes ou dans le BDSM.
Note 3 : C’est la suite d’une série d’article sur le thème de la vérité.
Ce qui pose problème justement dans “la vérité” est peut être le terme “la” que le terme “vérité”. Il peut y avoir un souci de croire détenir la vérité. La passion de détenir la vérité peut être source de mensonge dangereux. Toute personne visant à imposer une vérité au nom de son absolu supériorité ne recule devant aucun moyen, le cas de certaines personnes dans le monde du BDSM ou des cordes, qui pensent avoir un magistère suffisant, et qui passent de l’absolu au total, et du total au totalitaire.
Peut-on se contenter de défendre la liberté de conscience et d’expression comme une revendication du “à chacun sa vérité” ce qui amène des personnes dans le monde du BDSM à dire : “à chacun son BDSM” . Une vérité qui n’est pas sûre d’être vraie, n’est-elle comme une opinion ? Y-a-t-il une tension entre croire et savoir, entre raison et foi ?
Peut-on définir la vérité dans le BDSM ou dans les cordes, dire la vérité, chercher la vérité, observer les effets de la vérité, les bénéfices de la vérité, les torsions de la vérité, les usages sociaux et communautaire de la vérité ?
Quelles sont les relations entre le vrai et le faux, entre le vrai et le mensonge, le vrai et l’erreur, le vrai et l’opinion, le vrai et l’incertitude, le vrai et le probable, le vrai et le déni ?
Démocrite a dit : “En vérité nous ne savons rien, la vérité est au fond du puit.” Gilles Cohen-Tannoudji qui a dit : “Rien ne nous autorise à penser que notre connaissance, même à ses dernières frontières, soit davantage qu’un horizon de connaissances.” ou Paul Eluard dans son poème Liberté : “…Sur les champs sur l’horizon, Sur les ailes des oiseaux, Et sur le moulin des ombres, J’écris ton nom… / …Sur les formes scintillantes, Sur les cloches des couleurs, Sur la vérité physique, J’écris ton nom…”
Gilles Cohen-Tannoudji : “Si l’on sait mettre en oeuvre une méthodologie qui soit ouverte à l’expérience, qui soit ouverte au monde, alors on peut lier cette quête de la vérité avec la quête de la liberté.”
On peut réfléchir sur la méthodologie, Ferdinand Gonseth, philosophe et mathématicien, physicien suisse, a donné une méthodologie qui se base sur 3 moments :
- Modalité informationnelle : la connaissance nous ait donné par des informations qui sont nécessairement incomplète, fragmentaire, schématique et révisable ;
- Procédure des 4 phases :
Situation de départ : jamais la connaissance part du niveau zéro, il y a toujours des connaissances déjà acquises et au sein de ces connaissances préalables peut surgir un problème qui peut mettre en cause la fiabilité de ces connaissances préalables ;
- Émettre de suite une hypothèse ou conjecture : de ne pas rester sur la situation telle qu’on la connaît, mais de la dépasser en mettant en oeuvre une certaine hypothèse ;
- Mettre en oeuvre l’hypothèse : la comparer à la réalité et à l’expérience ;
- Retourner sur la situation de départ :
- La situation de départ est confortée ou non par cette l’hypothèse :
- Si elle est conforté alors on l’intègre l’hypothèse dans les préalables dans la nouvelle situation de départ ;
- Si elle n’est pas confortée, soit il faut réviser les préalables de la situation de départ, soit on cherche une autre hypothèse.
- Les 4 principes : ces principes jouent le rôle d’une clé qui ouvre des portes, ce ne sont pas des principes premiers.
- Principe de révisibilité : tant qu’une connaissance préalable convient, on la garde, mais l’on ne peut pas s’interdire de la remettre en cause si cela devient nécessaire ;
- Principe de dualité ou de structuralité : Pour mettre en oeuvre une hypothèse, il faut mettre en tension la théorie et l’expérience ;
- Principe de technicité : principe souvent négligé par les philosophes, par les littéraires. La mise en oeuvre d’une expérience dépend de la technique ;
- Principe de solidarité ou d’intégralité : si l’on met en oeuvre cette hypothèse et si l’on veut réviser la situation préalable, il faut voir toutes les implications de la révision sur l’ensemble du champ de la connaissance. Pour corriger un problème, il faut qu’on sauvegarde l’acquis, si l’on perd l’acquis, cela ne vaut pas la peine de réviser le problème.
Cette méthodologie permet de comprendre pourquoi lorsqu’une connaissance dans le BDSM ou dans les cordes, a sa fiabilité qui est ébranlée, ce ne sont pas toutes les connaissance qui sont ébranlées, ce n’est pas non plus la fiabilité de la personne qui est ébranlée ! La fiabilité de la personne Dominante, soumise, encordeuse ou encordée en sortira renforcée, car elle aura donné la preuve de sa capacité à se réviser, à se modifier, à se remettre en question elle-même.
Jacques Monod, prix nobel de biologie, dans son livre : “le hasard et la nécessité” a écrit : “l’Homme est un objet doté d’un projet d’exister” . Ferdinand Gonseth utilise la phrase de J. Monod dans sa définition d’un référentiel qu’il définit ainsi : “Le référentiel est l’organe de l’Homme qui lui permet de mettre en oeuvre son projet d’exister” et mettre en oeuvre son projet d’exister est la quête d’exister. C’est d’essayer de connaître ses propres limites, savoir ce qui est de soi et ce qui n’est pas de soi, cette quête de référentiel est très important. Lorsque l’on pratique du BDSM ou des cordes, on se réfère à autrui, à ce que l’on a vu, entendu, compris, appris, réfléchi… À partir du moment que l’on parle en utilisant le verbe pronominal “se référer” on parle bien d’une référence, donc d’un référentiel. Comme on utilise des artefacts, des agrès, des produits, des objets… inhabituels, il est nécessaire d’avoir des références, donc un référentiel pour savoir comment les utiliser sans mettre en danger autrui.
La quête de la vérité fait donc partie de cette quête de la liberté pour mettre en oeuvre son projet d’exister.La communauté BDSM ou des cordes, comme n’importe quelle autre communauté, elles ont aussi ses déviants, tout le monde n’a pas la garantie d’avoir sincère qui est nécessaire. Je pense que la communauté BDSM ou des cordes a ou devrait avoir une éthique, une déontologie qui lui permet ou qui devrait lui permettre de corriger très rapidement les déviations dans lesquels on peut voir apparaître un manque de sincérité.
Suite partie 3 : Les sophistes et le relativisme conséquent (la vérité dans le BDSM ou dans les cordes : partie 3)
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