Le mensonge dans le BDSM ou dans les cordes
Note 1 : Dans le présent document, les termes employés pour désigner des personnes sont pris au sens générique; ils ont à la fois valeur d’un féminin et d’un masculin.
Note 2 : Dans cet article, je vais parler de ma vision du mensonge.
Le mensonge consiste en un acte ; en un acte de langage, on peut le contester lorsqu’il l’est par omission. Cette acte de langage pourra conduire à un acte physique. Il est commis par tout individu donnant délibérément pour vrai à autrui ce qu’il sait être faux. Le mensonge est une altération volontaire de la vérité. Il y a une intention dans le mensonge.
D’un point de vue ethnologique et anthropologique
A l’échelle de l’évolution des êtres, le mensonge est un exploit cognitif. Mentir devient si naturel pour certains individus, qu’ils en perdent de vue la performance, car ce n’est pas donné à tout être vivant sur terre d’avoir la capacité cognitive de mentir. Cette capacité de mentir à permis aux individus d’accéder à la maîtrise d’un monde objectif, qui passe par l’apprentissage du langage.
Le mensonge aussi est inhérent à l’être humain du langage, L’individu dispose de la capacité à parler, c’est du même coup avoir l’aptitude à mentir.
C’est souvent une fois que le mensonge est énoncé qu’il est dénoncé. Le temps permet de confondre le menteur.
Dans l’identification du mensonge, l’intention de mentir prévaut sur la convention linguistique régissant la phrase qui exprime le mensonge. L’acte de mentir l’emporte sur la matière dont il est fait, certes c’est un acte de langage. Le mensonge ne relève donc pas d’une analyse linguistique.
Un mensonge est d’autant plus réussi qu’il est crédible ; il est rendu d’autant plus crédible que son auteur sait ce que son destinataire est prêt à entendre, ce qu’il souhaite ou aime écouter. A savoir que l’on peut aussi mentir sans parler, C’est ce que l’on appelle le mensonge par omission, un acte du muet de langage.
Le mensonge attaque les fondements même de la morale et du droit. Dans certaines occasion le mensonge peut profiter à autrui. Mais dans son principe même, le mensonge nuit à autrui, à l’humanité.
Le mensonge n’est pas toujours l’envers ou l’opposé de la vérité, où l’on peut dire plutôt que la vérité n’est pas le contraire du mensonge. Comme dirait la philosophe Claude Imbert: “il y a bien des manières de jeter le trouble sur le partage du vrai et du faux” (Imbert, 1989). Le menteur montre souvent qu’entre le vrai et le faux s’étend le vaste domaine du ni vrai ni faux ou, de ce qui échappe tant au jugement de vérité qu’au jugement de fausseté.
La sincérité
Dans le BDSM ou les cordes, on rencontre bon nombre d’individus qui tentent à montrer qu’ils ont les meilleures raisons du monde de penser ce qu’ils pensent, y compris lorsqu’ils paraissent se tromper. Sur internet notamment, ce type d’individus est légion. Toute l’argumentation qu’ils mettront en oeuvre ne sera que subjective, et ne prendra fondation sur aucun support autre que leur subjectivité. Dans cette argumentation subjective, le BDSmiste, l’encordeur ou encordé oublie un des fondements du BDSM ou des cordes qui sont la sincérité et le non-mensonge. Ces croyances erronées la plupart du temps risquent de conduire autrui à l’accident.
On s’aperçoit qu’en règle générale, un individu n’assigne pas une croyance à celui qui énonce une vérité, c’est-à-dire qui pense comme lui pense ; pas davantage n’allons-nous rechercher une intention chez qui vient d’agir comme nous agirions dans les mêmes circonstances, c’est-à-dire “normalement” selon nos critères, ni diagnostiquer l’adhésion d’autrui à une valeur si autrui ne fait rien que nous ne ferions nous-mêmes.
Le mensonge est lié à l’émergence de la conscience, car si le menteur a une chose dans l’esprit et qu’il en exprime une autre, cela montre bien qu’il a accès à son esprit. La sincérité peut donc se définir par la congruence entre la pensée (l’esprit) et l’expression qu’elle soit orale, écrite ou visuelle. Donc l’intention est bien liée à l’esprit, l’intention peut donc être sincère ou pas.
Il faut bien comprendre et différencier la tromperie du mensonge. Une personne qui se trompe démontre de ce fait qu’elle pense. Une personne qui ment démontre qu’elle est consciente.
La consistance
L’intention sera liée à l’acte physique, à l’action physique, ce que j’appellerais la consistance. La consistance en psychologie sociale est la constance, la cohérence dans l’expression ou dans le comportement. Dans le BDSM ou dans les cordes, je dirais que la consistance est la congruence entre la pensée, les expressions verbales et non-verbales, et les actes.
Mensonge et fiction
La fiction est une construction imaginaire qui permet à un individu de tenir pour vrai ce qu’il sait pertinemment être faux, mais pourtant vrai d’une certaine façon, on pourrait dire un “sillogisme imaginaire”. on retrouve cette fiction BDSM chez certain BDSMiste, notamment sur internet. Cela permet aux individus de raconter des histoires, en se positionnant à la place de l’acteur central.
Le mensonge est donc une oeuvre sociale, la personne qui ment ne ment pas en solitaire, il faut au minimum être deux !
Le mensonge fabrique donc un monde possible, ce qui est, après tout, une définition de la fiction. Ce monde possible est un monde meilleur. Le mensonge aide à faire tourner les rouages sociaux ; la fiction, en somme, adoucit les mœurs.
Conclusion
Dans le BDSM ou dans les cordes, le mensonge va à l’encontre d’une sincérité et d’une consistance entre deux ou plusieurs individus. Elle conduira à la faute et non à l’erreur, elle pourra même conduire plus loin, conduire à l’accident !
Source :
https://journals.openedition.org/terrain/14277
https://journals.openedition.org/ateliers/8201
https://www.ethnographiques.org/2015/Agier
0 thoughts on “Le mensonge dans le BDSM ou dans les cordes”
Visitor Rating: 5 Stars
Visitor Rating: 5 Stars
Visitor Rating: 5 Stars
Visitor Rating: 5 Stars
Visitor Rating: 4 Stars