Les sophistes et le relativisme conséquent (la vérité dans le BDSM ou dans les cordes : partie 3)
Note 1 : Suite du deuxième article sur la vérité dans le BDSM ou dans les cordes.
Note 2 : Dans le présent document, les termes employés pour désigner des personnes sont pris au sens générique, ils ont à la fois la valeur d’un féminin et d’un masculin.
Note 3 : Dans cet article, je vais essayer de vous parler des sophistes et du relativisme conséquent.
Platon fait le but de sa philosophie sur la quête de la vérité : le vrai, le beau et le juste.
D’après certains philosophes comme Platon, les sophistes sont des discutailleurs, des ergoteurs sans fin, sans fond, sans sincérité, sans vérité, on retrouve beaucoup de sophistes dans le BDSM.
Je vais aborder la vérité dans cet article par le relativisme conséquent, il nous permet entre autre de compliquer l’universel.
Pour bien comprendre, il faut commencer par interroger les termes. Relativisme prend racine sur le verbe relativiser, et relativiser prend racine sur relatif avec le suffixe iser -> morphème inchoatif, exprimant un changement d’état vers la notion du radical ; donc l’adjectif relatif avec le suffixe isme -> Du grec ancien ismós qui a donné ismus en latin.
Relativiser quelque chose c’est considérer que cela n’est pas si important qu’on le croit spontanément. Si on prend l’expression exactement cette fois, c’est considérer que cela n’a pas de valeur absolue ; on peut donc toujours en discuter, le nuancer ou le contester. Dès lors affirmer que ”tout est relatif” revient donc à dire que rien n’existe dans l’absolu, ni vérité ni valeur, que tout est donc discutable, contestable etc. Ce qui revient au fond à dire que la vérité n’existe pas et que le savoir humain ne peut pas dépasser le niveau de l’opinion (http://laphiloduclos.over-blog.com)
Relativisme conséquent, parce qu’il n’accepte pas la conséquence logique et inévitable, c’est à dire qui pense que tout se vaut et qui ne croit en rien (au sens : il n’accorde de valeur à rien).
La vérité terrifie beaucoup plus que le relativisme. Pour certains, il n’y a qu’une seule vérité et elle est absolue, c’est une des phrases qui peut terrifier par exemple.
Vincent Descombes, philosophe, appelle la carte forcée : “le dilemme du rationalisme, c’est ma raison pure ou le chao, il n’y a qu’une seule vérité et elle est absolu, ma raison pure ou le chao.” C’est un type de juge infiniment grec. Le “logos” (grec) est le terme même qui exprime en un seul mot : ma raison pure ou le chao. Logos veut dire “ratio et oratio” : raison et discours. Le Logos exprime que d’abord il y a la langue par excellence qui est la langue grecque et que les autres langues “blablatèrent”. On retrouve cette dichotomie dans le BDSM ou dans les cordes. Dans le BDSM, sur le net ou en réel, souvent celui qui parle à raison, les autres ont tort, on retrouve donc ratio et oratio ainsi que ma raison pure ou le chao. Le souci est que très peu de personnes sont capables d’argumenter leur raison pure, comme ils sont aussi souvent peu capable de montrer par le réel, par les actes leur raison pure. Dans les cordes, le problème est un peu différent, c’est plus des querelles de clocher sur les ryu (école en japonnais) de cordes, ma raison pure ou le chao dépendra de l’école à laquelle tu appartiens.
Protagoras disait : “l’Homme est la mesure de toute chose, l’Homme est la mesure de toutes les “pragmata” (qui vient de prattein : faire, agir. Les choses auxquelles ont a affaire, les affaires humaines chez Aristote), L’Homme est la mesure de toutes les “khrêmata” (qui vient de krêsthai (kraomai) : se servir de, utiliser. Les choses en usage : objets d’usage, richesses, à utiliser et à dépenser, richesses dont le langage, les performances discursives), et l’Homme est la mesure de toutes les “phainomena” (qui vient de phainesthai : apparaître, paraître. Les choses qui apparaissent, les phénomènes)”. Comme je l’ai dit dans le paragraphe plus haut, malheureusement sur le net, il est difficile de voir les pragmatai, mais l’on peut aisément voir sur le net les khrêmata et les phainomena. Quant au monde réel, on peut voir autant les pragmata que les khrêmata, que les phainomena. Mais peut-on dire qu’une personne qui est dans le phainomena ou dans le khrêmata est plus dans le vrai que celui qui est dans le pragmata ? Mais il est vrai que l’Homme dans le BDSM ou dans les cordes est dans la mesure de toute chose, il s’identifie, il modélise, il copie, il sera toujours dans un système de mesure comparatif.
Gilles Deleuze, philosophe, lui a dit : “les notions d’importance, de nécessité, d’intérêt sont mille fois plus déterminantes que la notion de vérité, pas du tout parce qu’elles remplacent, mais parce qu’elles mesurent la vérité de ce que je dis.” Mesurer la vérité est la phrase même du relativisme. Comment mesure-t-on la vérité ?
Jean Paul II a dit : “Une philosophie résolument relativiste se révélerait inadéquat pour la richesse contenue dans la parole de Dieu. La sainte écriture présuppose toujours que l’Homme, même si il est coupable de duplicité et de mensonge est capable de connaître et de saisir la vérité, limpide et simple” c’est le rapport à la religion.
Quant au rapport au pouvoir, Nicolas Sarkozy, discours de Bercy a dit : “Mai 68 nous avait imposé le relativisme intellectuel et moral, les héritiers de mai 68 avait imposé l’idée que tout se valait, qu’il n’y avait aucune différence entre le bien et le mal, le vrai et le faux, le beau et le laid. Ils avaient cherché à faire croire que l’élève valait le Maître.”
Dans le relativisme, tout se confond, c’est la nuit où toutes les vaches sont noires. Le groupe des intellectuels pour les dialogues interculturels à Bruxelles dont Tahar Ben Jelloun et Amin Maalouf font partis : “Il n’est jamais facile de formuler de manière précise, ni de manière exhaustive ce que sont les valeurs auxquelles toute personne doit adhérer pour avoir pleinement sa place sous le toit de l’Europe. Mais cette imprécision née d’une légitime précaution intellectuelle ne signifie pas que l’on doive se résigner au relativisme sur le chapitre des valeurs fondamentales.”
Un relativisme conséquent qui ne soit pas, qui ne tombe pas sur le coup du subjectivisme individualiste, du communautarisme mono ou multiculturel dangereux.
Le logos de Protagoras dans l’apologie de Protagoras : “La vérité : moi je dis, que la vérité est comme je l’ai écrit” , c’est souvent ce que l’on retrouve, ce que l’on peut lire sur le net BDSM ou dans les cordes dans les discours, débats ou commentaires.
Pour accéder à la vérité, il faut transformer, c’est à dire qu’il faut éduquer, il faut cultiver, cette transformation s’appelle la paideia (qui est à la fois la culture et l’éducation). Le but est de faire passer d’un état moins bon à un état meilleur. Le médecin produit cela par des remèdes, les sophistes BDSM par des discours.
On passe de la bivalence vérité/erreur, vrai/faux à un comparatif, il y a du plus vrai, c’est un comparatif dédié, un plus vrai ici et maintenant pour… Lorsque je définis les pouvoirs dans les BDSM ou dans les cordes et que je dis que le Top/Dom/Encordeur a un pouvoir pour… je suis bien dans un système comparatif dédié.
On fait changer d’état, et c’est ce changement d’état, c’est à dire à un meilleur pour, qu’est le travail de celui qui éduque (la personne dominante). Le travail de celui qui éduque est d’enseigner à juger, l’éducateur doit supporter d’être mesure. Eduquer, enseigner, c’est faire des jugements de mesure. Le rôle de la personne dominante certes est de servir la relation, mais comment servir la relation ? Simplement en faisant changer d’état la relation, et donc indirectement la personne soumise. En permettant à la personne soumise de faire des jugements de mesure, ce qui permet de mieux comprendre pourquoi il est nécessaire de mettre la personne soumise dans une soumission active et non passive.
Desmond Tutu, archevêque anglican sud-africain, lui a dit : “il ne s’agit pas de trouver la vérité, il s’agit de trouver, de faire en sorte qu’il y ait assez de vérité pour” , un autre méthodologie pour faire évoluer la communauté BDSM, le monde du BDSM ou des cordes, pour réconcilier les gamers et les players, est de donner assez de vérité pour que l’on puisse avoir un passé commun. Ce n’est pas une vérité origine : la vérité que nous aurions à découvrir mais une vérité résultat. Le langage, discours et rhétorique fait les choses, c’est une dimension performative du langage qui est en jeu lorsque nous mettons en oeuvre quelque chose d’autre que La Vérité Universelle.
Autre phrase de Desmond Tutu : “C’est un lieu commun de traiter le langage comme mots et non comme actes et la commission n’est pas de cet avis, elle souhaite ici adopter un autre point de vue le langage, discours et rhétorique, fait les choses” et je suis entièrement d’accord avec Desmond Tutu. C’est cette notion performative du langage qui est en jeu, que nous devrions mettre en oeuvre dans le BDSM ou dans les cordes, quelque chose d’autre que La Vérité Universelle.
Ma langue, mon discours, ma pensée n’est pas le logos ! Lorsque dans ma langue, l’utilisation d’un mot peut correspondre à deux mots homonymes dans le langage d’une autre personne. Chaque homonyme correspondant à une situation différente. Cela ne peut se voir que depuis un autre point de vue, que depuis ailleurs, ce changement de point vue est le relativisme conséquent.
Le “ici maintenant pour“, le relativisme conséquent est une pratique constante du jugement. Le relativisme conséquent doit ouvrir sur la seule culture qui vaille, la pratique du jugement, des jugements de mesure et non des jugements de valeurs !
Suite partie 4 : Mensonge vs Vérité (la vérité dans le BDSM ou dans les corde : partie 4)
2 thoughts on “Les sophistes et le relativisme conséquent (la vérité dans le BDSM ou dans les cordes : partie 3)”
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En ce qui concerne mon analyse sophiste relativisme dans le bdsm je dirais qu’il n’existe pas de vérité, tout dépend de notre point de vue et c’est à travers nos sens que l’on arrive à cerner. Je crois que le « sophiste » definit une justice comme la qualité d’une mesure qui avantage les plus forts : ce qui est juste pour les plus forts est evidemment bon pour les plus forts mais il ne l’ai pas forcément pour les plus faibles..
Selon moi la relation maitre soumise se construit à 2…