La contrainte consentie : après le DSM-5, quelle thérapie BDSM ?
Article qui suit celui sur le consentement : Cour Européenne des Droits de l’Homme
Le BDSM est un acronyme imbriqué faisant référence aux pratiques de bondage et de discipline, de domination et de soumission, de sadisme et de masochisme. L’American Psychiatric Association a « dépathologisé« , après le DSM-IV, malgré sa justification clinique, le kinky sex — y compris le cross-dressing, les fétiches et le BDSM — dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, cinquième édition (DSM-5). Désormais, les paraphilies sont considérées comme des « intérêts sexuels inhabituels« .
Plusieurs études psycho-sexologiques utilisent les pratiques sadomasochistes, dites BDSM (Bondage, Discipline, Domination, Soumission, Sadomasochisme) comme des études de cas psychiques, non plus comme comportements déviants, mais bien au contraire en termes de conduites « communes », car adoptées par un grand nombre d’individus. Ces individus utilisent la contractualisation consentie dans un cadre précis, qui peut être un apport considérable dans un accueil thérapeutique.
Plutôt que de les considérer comme une perversion, les études actuelles sur la psychiatrie du BDSM et la psychologie des subsexualities ont renversé l’analyse déviante en une étude scientifique des effets des pratiques BDSM notamment sur leurs bénéfices sur l’humeur, sur le stress ou sur la dépression.
Le projet BDSM et thérapie est soucieux d’articuler les risques possibles des pratiques BDSM et de clarifier les situations limites où le jeu BDSM n’est pas sain ou utile. Je parle en terme de jeu car dans ce cas-là nous ne sommes plus, lorsque ce n’est pas sain ou utile, dans une pratique (Play) mais dans un jeu (game). La thérapie BDSM a-t-elle pour objectif de régulariser les pratiques BDSM et de les calibrer ? Certains membres de la communauté BDSM ont exprimé les points suivants : Des barrières sociales peuvent se développer entre soi et les amateur(e)s ; Aliénation et isolement par la stigmatisation qui peut produire des stéréotypes négatifs intériorisés ; Risques liés à des limites poussées trop loin (mal identifiées en amont) dans une scène ; Potentiel de déshumanisation et de destruction du BDSM dans certaines situations unsafe du BDSM.
- La relation BDSM engage un(e) dominant(e) et un(e) dominé(e) (volontaires) ;
- Ce binôme érotique fonctionne dans un cadre strictement codifié ;
- Le/la dominant(e) est « thérapeutisant(e) » en ce qu’il/qu’elle fait preuve d’empathie envers le/la dominé(e) ; le/la dominé(e) respecte les limites du/de la dominant(e) ;
- Le flux est à double sens avec les « souminatrices » par exemple, qui sont des soumises résistantes et désobéissantes, explorant leurs propres limites au contact du/de la dominant(e).
Suite de l’article : Consentement, “oui”, “non”, “peut-être” ?
Source : Bernard Andrieu (Professeur de Philosophie des corps), Claire Lahuerta (Professeur en Arts plastiques Esthétique) et Asia Luy (Praticienne).
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