La comparaison sociale dans le BDSM ou dans les cordes
Note 1 : Dans le présent document, les termes employés pour désigner des personnes sont pris au sens générique, ils ont à la fois la valeur d’un féminin et d’un masculin.
Note 2 : Dans cet article, je vais essayer de vous parler de la comparaison sociale dans le BDSM ou dans les cordes selon mon point de vue.
Note 3 : Suite de l’article précédent sur « Comment avancer dans son BDSM ou dans sa corde« .
Dans notre société, dans la vie, nous sommes sans cesse comparés aux autres ! Idem dans le BDSM ou dans les cordes. Rester chez soi, pratiquer le BDSM ou les cordes en autarcie, ne nous permettra pas trop d’évoluer, de progresser dans nos pratiques, dans nos comportement et attitudes.
Estimer sa propre valeur, ressembler aux uns, se démarquer des autres…, la comparaison sociale est un mécanisme psychologique fondamental. Pour savoir si l’on peut être satisfait de ce que l’on est ou de ce que l’on a, nous sommes obligés de raisonner de manière relative en se toisant aux autres. Ce processus est ce que l’on nomme la comparaison sociale. Rien n’a de sens dans l’absolu
Nous utilisons la comparaison sociale sans cesse pour mieux nous connaître et nous positionner face aux autres, et ceci non par pure curiosité intellectuelle, mais dans le dessein de préserver, alimenter ou améliorer l’estime de soi.
Le problème dans cette comparaison sociale est de ne pas se comparer avec tout le monde ! Je suis moi-même incapable de me comparer, ou alors je suis ridicule si je me compare avec un champion du monde de boxe toute catégorie ! Nous devons donc en fonction des circonstances choisir les personnes auxquelles nous souhaitons nous confronter.
Les trois types de comparaison sociale :
La comparaison sociale latérale
Il s’agit de se comparer à un groupe de personne ou à une personne que l’on juge identique ou proche de soi dans le domaine de la comparaison. La pertinence dans cette comparaison est l’évaluation de ses propres compétences, et la recherche de la compétition. C’est donc un étalonnage pour susciter l’admiration d’autrui et l’estime de soi.
La comparaison sociale latérale permet aussi de conforter la justesse de nos opinions, de nos connaissances, de nos compétences. Cela permet notamment d’avoir des alliés ce qui va nous permettre de nous sentir légitime et forts face à l’adversité.
La comparaison sociale latérale permet donc de se sentir dans le juste, le vrai, le bien. C’est en tant que membre non déviant d’une communauté “valeureuse” que nous ressentons dans ce cas fierté et satisfaction.
La comparaison sociale descendante
Lorsque notre estime de soi est ébranlée, fragilisée, alors la comparaison sociale latérale n’est pas recommandée. Comme a dit Voltaire dans Candide ou l’optimisme : Le malheur des uns fait le bonheur des autres“. Dans ce cas, nous allons chercher de la réassurance en se comparant à plus malheureux qu’elle. C’est une comparaison sociale descendante, comparaison qui nous redonne de l’énergie, de l’estime de soi en se comparant à plus faible que soi. Ce processus permet de se remonter le moral et de mieux accepter son sort, mais ce n’est pas lui qui donne l’envie et le courage de se battre.
La comparaison sociale ascendante
Dans le cas de la comparaison sociale ascendante, on va se mesurer, se comparer à une personne que l’on estime “supérieure” à soi. C’est aussi ce que l’on appelle le moteur de l’ambition ! C’est ce qui nous donne envie de progresser, de s’améliorer !
Cette forme de comparaison sociale permet aussi d’augmenter l’estime de soi, car on a conscience de ne pas être supérieur aux autre, mais l’on estime que l’on a le potentiel nécessaire pour devenir au moins leur égal. Cette comparaison sociale ascendante nous permet aussi de nous identifier au modèle positif que l’on vise, ce qui nous procure une forte satisfaction ! Dans un couple BDSM, dans une relation BDSM, il n’est pas nécessaire de chercher à égaler ou supplanter l’autre, on peut facilement trouver sa valorisation par procuration, par émulation, c’est-à-dire par empathie. Si l’empathie est forte en soi, cette comparaison sociale ascendante ne sera pas sous la forme compétitive ! Si l’empathie est forte, alors la comparaison sociale ascendante ne sera pas mal vécue, au contraire, le succès de l’un fera le bonheur de l’autre. La personne dominante sera fier d’avoir une soumise avec telle maîtrise de sa soumission, et la personne soumise sera fière d’avoir un Maître avec telle maîtrise de sa domination, les deux seront fiers d’avoir un avenir et un destin commun. On retrouve aussi cette empathie avec nos amis dans le BDSM ou dans les cordes, chercher cette comparaison sociale par empathie et non par compétition est très valorisante non seulement pour soi, pour son Maître, pour sa soumise, mais aussi pour ses amis !
Les stratégies de rafistolage
Nous effectuons des comparaisons sociales qui nous procurent un sentiment de satisfaction et de supériorité, ceci à travers, grâce ou aux dépens de notre entourage. Mais que se passe-t-il quand nous n’avons pas le loisir de choisir notre cible de comparaison sociale en fonction de notre situation du moment et que la confrontation nous est imposée par notre environnement ou par notre soumise ou Maître ? Nous avons souvent trop tendance à nous laisser nous dévaloriser par notre environnement, ou par notre soumise ou Maître. Les personnes les moins impactés par leur environnement sont les personnes égocentrées, les narcissiques et les pervers-narcissiques, c’est-à-dire les personnes dépourvues d’empathie, le pervers-narcissique aura lui par contre une empathie cognitive, mais pas d’empathie affective.
Des personnes pour refuser cette comparaison sociale, vont choisir des stratégies de “rafistolage” . Elles trouveront de bonnes justifications, mais si vous regardez de plus près vous verrez que ces justifications ne sont pas objectives, qu’elles sont subjectives. Elles chercheront à décrédibiliser autrui, surtout celui qui leur fait de l’ombre. Elles vont colporter des rumeurs, elles créeront des commérages, ces rumeurs et commérages auront pour but de diminuer la personne qui leur fait de l’ombre !
Conclusion
Une bonne comparaison peut permettre aux personnes pratiquants le BDSM ou les cordes d’être fières d’elles, d’être reconnues, par contre, il faut faire attention que la comparaison ne soit pas destructrice, et qu’elles ne créent pas de la frustration ou une mauvaise opinion, estime de soi.
Mais le jeu en vaut la chandelle car la comparaison sociale est le seul moyen que nous avons de mesurer notre valeur, notre progression, notre évaluation et de goûter au divin plaisir de se distinguer.
Source : Lisa Friedmann (Mars 2011), Shelley E. Taylor et Marci Lobel (octobre 1989), Rebecca T. Pinkus, Penelope Lockwood, Ulrich Dchimmack et Marc A. Fournier (novembre 2008), Stephen M. Garcia, Hyudjin Song et Abraham Tesser (novembre 2010).
One thought on “La comparaison sociale dans le BDSM ou dans les cordes”
Visitor Rating: 5 Stars
Visitor Rating: 5 Stars
Visitor Rating: 5 Stars