Anarchie BDSM
L’idée de l’anarchie est développée par Pierre Joseph Proudhon au milieu du XIXe siècle (1860) : « L’anarchie est le plus haut degré de liberté et d’ordre auquel l’humanité puisse parvenir. ». Cette idée d’anarchie du milieu du XIXe siècle, née de mouvement d’ouvriers, que je vais nommer : « anarchie ouvrière », aujourd’hui, je crains qu’elle se soit métamorphosée en « anarchie BDSM ».
Un historien disait que l’anarchie à l’époque était multicouleur, car il n’y avait pas de parti ouvrier, pas de syndicat, tout doit s’inventer. Peu à peu, il va y avoir l’émergence du courant anarchiste, le courant socialiste, le courant réformiste…
Une date importante, le 28 septembre 1864, des travailleurs anglais, français, allemands et italiens, réunis au Saint-Martin’s Hall à Londres, fondent ensemble l’Association Internationale des travailleurs.
Ce mot : anarchie, existait depuis bien longtemps avant le XIXe siècle, mais les théoriciens du milieu du XIXe siècle renversent le stigmate en disant que pour eux ce n’est pas le désordre, la destruction, etc. C’est au contraire, une autre expression de l’ordre. Ils disent que ce qui fait désordre dans la société, ce n’est pas la société elle-même, c’est tous les éléments parasites de la société : l’accaparement des richesses, l‘autorité, l’exploitation, le despotisme, la guerre. Les anarchistes revendiquent une forme d’harmonie sociale par le bas, qui puisse se substituer à l’oppression des états, et du capitalisme.
L’anarchie est donc une résistance à l’autorité, ce qui va influencer le mouvement ouvrier en 1848. Il y a un vivier d’ouvriers qui va s’intéresser à ces idées, l’Association Internationale des travailleurs va donc hériter de toutes ces idées-là.
Elle ne se construit pas sur un rapport idéologique, sur un rapport direct à l’idée. Elle se construit d’abord comme une nécessité de la classe ouvrière de s’organiser. Ils cherchent au départ à élaborer des idées, très platoniques, très grandiloquentes pour la fraternité des peuples et concrètement pour organiser, synchroniser la classe ouvrière face à une mondialisation qui crée des désordres dans le monde du travail, mondialisation due à la révolution industrielle aussi.
Dans le BDSM ou les cordes, on peut voir le pouvoir de la personne dominante ou de l’encordeur, par ses excès de pouvoir, notamment sur les droits de l’Homme, sur le consentement, sur le CNC, sur le TPE. Il ne faut pas oublier qu’on ne combat le pouvoir qu’au nom d’un autre pouvoir, ne serait-il que virtuel… Je rappelle que d’un point de vue étymologique, l’anarchisme, c’est la non-participation à aucun pouvoir.
Dans une scène ou une relation BDSM, de par sa définition, il y a la D/s, donc un Dominant et un dominé, il y a forcément une notion de pouvoir du Dominant sur le dominé. Si je regarde dans une corde, il y a un encordeur et un encordé, du fait que l’encordage génère de la contrainte, et restreint la liberté de mouvement pour l’encordé, il y a là aussi une notion de pouvoir de l’encordeur sur l’encordé.
L’anarchie, dans son étymologie, est la non-participation à aucun pouvoir. Du fait que dans le BDSM ou dans les cordes, il y a forcément une notion de pouvoir, pour la personne qui ne détient pas ce pouvoir, il n’est pas anormal de la voir lutter contre ce pouvoir, donc qu’elle se dirige vers une « anarchie BDSM » ou une « anarchie de corde ».
Il devient donc nécessaire de définir avant toute relation, scène ou corde, la notion de pouvoir que cela va engendrer, et donc de demander le consentement de l’échange de pouvoir à l’encordé ou au dominé. S’il n’y a pas de consentement ou de définition au préalable, la porte s’ouvre en grand sur l’anarchie.Libre à chacun de vouloir vivre du kink dans son BDSM ou dans ses cordes, mais dans ce cas, il faut accepter qu’il y ait des contre-pouvoirs, donc de l’anarchie. Si l’on ne veut pas de cette anarchie, sans l’acceptation de l’échange de pouvoir, et du consentement, il faudra donc décliner la relation, la scène ou la corde.