L’exhibition dans le BDSM ou dans les cordes
Préambule (source : psychoweb.fr)
Caricaturé par la bande dessinée, la littérature ou encore le cinéma, l’exhibitionniste est régulièrement décrit comme « l’homme à l’imperméable et au chapeau » qui se glisse au devant de jeunes adolescentes pour susciter effroi et dégoût. Le terme est toutefois réutilisé dans les conversations les plus diverses pour évoquer torses nus, minijupes, images, vidéos ou attitudes particulièrement provocantes. L’entité clinique portant le nom d’exhibitionnisme, en psychologie, revêt pourtant une signification précise emprunte de souffrance et de symbolisme.
Loin des extensions qu’on lui attribue classiquement, l’exhibitionnisme se définit comme une tendance persistante et récurrente à exposer ses organes génitaux à des personnes étrangères ciblées ou à la vue de tous dans des lieux publics non prévus à cet effet. Car il existe des lieux plus ou moins prévus à l’usage, c’est le cas des bars à strip tease, des lieux de nudisme ou plus généralement, de lieux occupés par des adultes consentants. Une telle définition exclue d’emblée ces catégories, il n’est pas nécessaire d’être exhibitionniste ou voyeur pour aimer, fréquenter ou travailler dans de tels endroits.
La Classification Internationale des Maladies (CIM 10) et le Manuel Diagnostique et Statistique des troubles mentaux (DSM-IV) avancent une définition fondée sur la persistance et la récurrence à montrer ses organes génitaux à des personnes étrangères, cela ne s’applique donc pas forcément dans le cas du port de minijupes ou d’habits relativement peu « protecteurs » qui découvrent d’autres parties de l’anatomie : l’exhibitionnisme a davantage à voir avec la sexualité qu’avec la seule volonté d’afficher ses cuisses, ses pectoraux, ses images ou ses vidéos.
Introduction
Notre société, en dehors du fait qu’elle apporte certaines satisfactions et bien-être, nous éloigne de l’essentiel, c’est à dire de nous-mêmes, ce qui nous fragilise à tous les niveaux. C’est un véritable paradoxe, ce monde est censé nous combler et nous rendre heureux, alors que le mode de vie qu’il nous propose est à l’origine de bien des souffrances. La cause principale se trouve dans ce qu’il a engendré, notre manière égocentrique de fonctionner.
Nous aimerions affirmer ce que nous sommes, nous montrer sans artifices, dans tous nos états, sans avoir à nous cacher derrière une apparence, mais nous avons beaucoup de mal à cela, car cela suppose que nous soyons unifiés dans notre fort intérieur et non pas, divisés comme c’est souvent le cas.
Dans ce monde de paraître où il y a une telle obsession de l’image, même lorsque l’on veut s’affirmer, l’inquiétude demeure de comment bien apparaître. C’est d’ailleurs pourquoi, certaines personnalités s’entourent de conseillers en communication à l’exception de personnes ayant beaucoup de charisme, qui elles, assument leur image sans trop de difficultés.
Tout comme Facebook est un média d’exhibition, le BDSM est aussi un média d’exhibition. La socialisation y est le masque de l’exhibition.
l’Exhibition dans le BDSM ou dans les cordes
On peut différencier trois formes d’exhibition :
- Une exhibition seul/e ;
- Une exhibition de couple BDSM ;
- Une exhibition de « meute » BDSM.
Dans un couple BDSM, comment savoir si la relation BDSM marche, perdurera ? Ceux qui ont de l’expérience vous diront : moins on entend parler d’une relation sur les réseaux sociaux, mieux elle se porte.
Pourquoi ? Pas la peine de chercher très loin. Lorsqu’on « quitte » Facebook, ou un autre réseau social, lorsque l’on quitte une soirée ou un club, on se rend très vite compte que le nombre réel d’amis que nous avons se compte sur les doigts de la main. C’est la même logique que l’on soit seul/e, en couple ou en « meute ».
Pourquoi s’exhiber ?
- S’exhiber, c’est s’exposer au regard d’autrui, c’est aussi se soumettre à la critique et aux jugements d’autrui.
- S’exhiber, c’est aussi un peu une forme de pouvoir sur autrui : « Je montre… mais attention, pas touche ».
- S’exhiber, ce n’est pas « se montrer » mais plutôt « s’afficher » , « se montrer en public de façon provocante ».
Par le choix de l’exhibition, la personne se met en scène, elle essaye de véhiculer une image de lui ou d’elle qui le/la glorifie. Le fait que la personne rend publique l’attention qu’on lui porte est un moyen supplémentaire pour exister dans le regard de l’autre. Un manque d’estime de soi, possible aussi que ce soit un manque d’estime de soi dans un moment difficile de sa vie.
Le narcissisme dans l’exhibition
Un des problèmes de l’exhibition, de l’affichage, de s’exposer aux regards, est qu’il amplifie l’égoïsme qui est en la personne. La personne peut être dans une faille narcissique de sa vie.
L’exhibition permet de montrer sa force, sa puissance, sa maîtrise, mais en réalité elle montre sa faiblesse, son point faible. Une façon de cacher la réalité. L’exhibition est le meilleur moyen de « faire croire » des choses aux autres comme à nous-même, de rassurer son ego en quelque sorte. Une capacité saine, une compétence saine n’a certainement pas besoin d’une confirmation d’autres personnes. La compétence, la capacité se lit sur une personne, elle se ressent, elle s’exprime par le non-verbal. S’exhiber peut donc être aussi une façon de « s’étaler » aux voyeurs.
Le voyeurisme et l’exhibitionnisme
L’exhibition renforce le voyeurisme, mais le voyeurisme fait-il de ce voyeur un ami sincère et fidèle ? Oui, le voyeuriste sera fidèle à l’exhibition, mais uniquement à l’exhibition, pas à l’exhibitionniste. L’exhibitionniste doit se préparer psychologiquement à accepter le fait que les voyeurs vont s’approprier les nouvelles que l’exhibitionniste leur donne pour se conforter inconsciemment dans leur identité ou leur construction identitaire (ou leur égo). Les voyeurs s’approprient des informations que l’exhibitionniste leur donne pour en déduire chez l’exhibitionniste des caractéristiques, une personnalité, un tempérament qui les arrangent eux. Les Hommes ont toujours aimé ranger les personnes dans des « cases », c’est rassurant pour eux. Les Hommes ont toujours chercher aussi à se comparer aux autres. Leur regard n’est jamais objectif, il passe toujours à travers le filtre de leur perception, ils ne voient que ce qui les « arrange » .
L’exhibitionniste invite les personnes à s’engager dans une relation de voyeurisme, complémentaire de l’exhibitionnisme, relation dont lui se prétend le simple intermédiaire – invisible et irresponsable.
Les réseaux sociaux, les soirées et clubs BDSM seraient ils des « exhibitoirs » ?
Le pervers exhibitionniste
Il y a de la perversion chez l’exhibitionniste. On sait que ce dernier, en montrant son image, ses images, ses vidéos cherche avant tout à choquer, à effrayer, à attirer, à accaparer l’attention. Et c’est bien l’effroi, l’attention que cette exhibition provoque qui attire le pervers à s’exhiber. Plus grand sera l’effroi, l’attention, l’éventuel effet de sidération ainsi provoqué, plus grande sera la satisfaction du pervers, triomphant de la réaction induite chez l’autre. Le pervers exhibitionniste se déresponsabilise totalement de ses actes et délègue à l’autre le fait d’avoir un jugement, une opinion qu’il va ensuite scruter. Eux-mêmes n’en ont pas, en sont vides ou n’en veulent pas.
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