L’éducation anglaise dans le BDSM
Note 1 : Dans le présent document, les termes employés pour désigner des personnes sont pris au sens générique, ils ont à la fois la valeur d’un féminin et d’un masculin.
Note 2 : Dans cet article, je vais essayer de vous parler de l’éducation anglaise dans le BDSM selon mon point de vue.
L’éducation anglaise commence je pense dès l’époque grégorienne et l’époque victorienne, voire Pensionnats pour jeunes filles dans l’Angleterre georgienne et victorienne , Condition féminine dans la société victorienne et Patriarcat britannique – charia victorienne : l’épouse, ornement de la maison de l’époux.
Comparaison entre le mode d’éducation anglaise et Française
En quoi ces deux modes diffèrent dans les principes et par les effets ?
Dans l’éducation anglaise, de l’enfance à l’adolescence, il traverse deux petits mondes, complets en eux-mêmes : la famille et l’école, dont l’influence est presque toujours décisive. La société anglaise comprend, entre autres, mais au premier rang, deux élites très différentes : celle des self-made men et celle des University-men, l’une qui s’est faite seule à la dure école de la vie, l’autre qui est le produit d’institutions très anciennes et très puissantes. Sur toutes deux l’on retrouve la marque originale de la famille.
Le domaine où la famille anglaise s’épanouit, c’est le home. Le home est à elle, tout à elle : il est sacré, il est inviolable à tous les étrangers. Sont étrangers tous ceux du dehors, tous ceux qui ne s’asseyent point autour du foyer. Chaque home, à la ville comme à la campagne, est matériellement indépendant du voisin. Chaque famille a sa maison, son foyer, son toit, sa communication directe avec le dehors ; elle est chez elle maîtresse absolue ; nul étranger sur la tête ou sous les pieds. Point de ces grandes casernes divisées en cellules, de ces appartements étroits qui étiolent et restreignent les familles. Elle a toute la place qu’il faut pour s’étendre et s’ébattre à l’aise.
Le chef de famille, époux et père, règne en souverain absolu sur le home.
« L’Angleterre est le paradis des hommes, s’écrie-t-il… La volonté du chef de famille est reconnue comme la loi du ménage, et personne ne songe à la contester. » R. G. White. England without and within. Boston, 1881, p. 207. Le chef de famille a créé le home ; il entretient le ménage ; responsable devant la société et la loi, ayant la peine et la responsabilité, il reçoit en retour obéissance et respect. Père, il tient à se faire respecter d’abord, avant que d’être aimé (P. G. Hamerton, Français et Anglais. Paris, 1891. T. I, p. 65) ; vous ne retrouveriez pas en lui le père-camarade que nous, Français, connaissons tous, au moins de vue. Il n’est pas rare que le jeune Anglais, en s’adressant à son père, se serve du mot « Sir » comme le serviteur parlant au maître. Au respect que le père sait inspirer s’ajoute le prestige du pouvoir qu’il tient de la loi : il peut disposer à son gré de ses biens. Le patrimoine foncier de toute famille anglaise, ancienne ou nouvelle, est regardé comme un petit Etat et s’appelle même ainsi : estate (Montalembert, De l’avenir de la politique de l’Angleterre. Paris, 6e édition. p. 120). Dans cet Etat, le père est souverain absolu comme dans le home. Il exerce une sorte de « magistrature testamentaire » E. Boutmy, l’État et l’individu en Angleterre. Annales de l’École des sciences politiques, 15 octobre 1887, p. 497-500. Il ne se croit point obligé de se priver pour ses enfants pendant sa vie, ni d’amasser afin de leur laisser à sa mort. Tout au plus, est-il lié par la tradition qui l’invite, et quelquefois par la loi qui l’oblige, à transmettre à l’aîné un domaine intact ou un patrimoine. En France, l’autorité du père sur la personne de l’enfant, vieux reste de la patria potestas, est presque sans bornes, et le pouvoir de disposer des biens par testament, limité ; en Angleterre le pouvoir du père sur la personne est limité (il ne peut faire enfermer son enfant, et n’a plus sur lui d’autorité d’aucune sorte, après 21 ans) ; mais sa faculté de tester ne souffre aucune restriction.
Pour la femme anglaise, les devoirs de l’épouse passent avant ceux de la mère.
Chez la Française l’amour maternel prime tout, l’attachement au mari ne vient qu’ensuite. L’Anglaise est épouse plus qu’elle n’est mère ; la Française est mère plus qu’elle n’est épouse. L’Anglaise, en général, courageuse, patiente, d’ailleurs sans grand souci du lendemain, sans peur de l’inconnu que l’avenir ou les pays lointains recèlent, est une épouse résignée, passive plutôt. Elle suit son mari n’importe où ; elle partage cette énergie physique et cette fermeté morale dont il est presque toujours pourvu. En France, la femme, épouse ou mère, préoccupée surtout de bien-être matériel, luxe éclatant ou confort paisible, ambitieuse de briller ou avide de sécurité bourgeoise, ne demande plus guère « aux hommes de grandes choses, des entreprises hardies, des travaux héroïques, comme une Chevreuse, une Longueville, ou une Princesse Palatine » E. Renan, Essais de morale et de critique, p. 366. L’Anglaise est une mère aimante, mais calme. Elle remplit consciencieusement son devoir. Dans toutes les classes, sauf dans l’aristocratie, elle nourrit elle-même ses enfants. Elle veille sur eux et les dirige, mais son influence ne se traduit guère autrement que par une saine règle de vie établie et maintenue : rien qui ressemble à une sensibilité outrée ou à une tendresse passionnée.
Education physique et morale anglaise
Les pratiques, les jeux physiques sont d’excellentes écoles de sang-froid et de discipline : tous ces pratiques et jeux sont des jeux de discipline, et c’est pourquoi les Anglais les ont choisis et y tiennent si fort. Outre qu’ils forment la décision, le coup d’œil, l’esprit d’initiative, ils exigent le respect d’une règle invariable, minutieusement établie, et l’obéissance au chef, au « capitaine », dans le BDSM ce capitaine étant le Maître. L’obéissance librement consentie, mais observée sans faiblesse ni murmure, le respect de l’autorité confiée.
L’influence morale exercée par les pratiques, est indéniable.
Dans l’éducation anglaise, c’est de l’énergie dont il faut faire preuve contre le danger, que naît la force de caractère.
Pour que la pratique, le jeu porte tous ses fruits, il faut le vivre ; pour que l’exercice physique soit bienfaisant, il faut qu’il soit réglé : discipline et entraînement sont affaire d’expérience ; mais pour gagner de l’expérience, il faut de la persévérance, de la ténacité ; il faut vouloir.
L’éducation anglaise dans le BDSM
Assouplir, fortifier, endurcir la soumise : voilà pour l’éducation physique. Dans cette soumise vigoureuse, mettre un caractère bien trempé, une âme simple et forte, franche, loyale et indépendante : voilà le rôle de l’éducation morale, telle qu’on la comprend dans l’éducation anglaise. L’éducation physique et l’éducation morale sont étroitement liées ; l’une ne saurait marcher sans l’autre ; elles s’entraident, se soutiennent et, une fois lancées dans la bonne voie, elles vont de pair ; chaque pas de l’une invite l’autre à avancer d’autant. Toute l’éducation pourrait alors se résumer d’un trait : créer une personnalité ; pétrir une soumise amorphe, sans consistance, pour modeler sa soumise, de corps bien équilibré, de volonté droite.
Les deux principaux agents de cette transformation sont les pratiques physiques, et l’éducation du caractère.
Le Maître dans l’éducation anglaise loge sous son toit ses soumises, les nourrit, dirige leurs esprits et pénètre leurs âmes. Tout dans cette éducation anglaise tient au Maître ; mais un Maître ne peut suffire à tout ; il lui faut une aide : généralement la soumise la plus éduquée aide le Maître en dominant les autres soumises : c’est la pratique sans restriction du fagging, l’esclavage domestique ; cela façonne le caractère et élève l’âme des soumises.
Le Maître accorde pleinement à ses soumises sa confiance : il réclame d’elles, en retour, la franchise la plus entière. Il leur donne l’horreur du mensonge. Il s’applique à inculquer à la soumise un respect scrupuleux et absolu de la vérité. La plus grosse faute que puisse commettre une soumise est de dire un mensonge ; la plus mortelle injure que l’on puisse faire à une soumise est de la traiter de menteuse !
Le Maître doit agir par son influence plutôt que par ses actes, il doit représenter l’autorité plutôt que l’imposer ! Il doit avoir une autorité réfléchie, il doit obtenir une soumission, une obéissance consentie. Il doit diriger ses soumises, leur apprenant, par les exemples et les conseils, à se conduire, à se tenir, tenant compte de leur opinion et respectant scrupuleusement l’indépendance de chacune, toutes les fois que l’intérêt de la relation n’exige pas qu’elle lui soit sacrifiée. Il doit chercher à développer le respect et la liberté d’autrui et, en même temps, le sentiment intime qu’une solidarité puissante doit les unir et maintenir unies toutes les volontés dans un même effort et sous une même règle.
Les peines corporelles pour certains Maîtres : c’est indigne, infâme, barbare. Pour d’autres : c’est nécessaire, commode, et c’est admis. Pour ma part, il est rarement question de punitions dans l’éducation anglaise. Il doit faire appel, chez la soumise, non pas à la crainte du châtiment, mais au sens de la responsabilité, au sens de l’honneur. Dans ces conditions les châtiments, s’ils deviennent nécessaires, ne peuvent être que la dernière ressource, un moyen énergique et désespéré. Les verges, cannes, paddles, fouets est le commencement et la fin de la sagesse pour un Maître digne de ce nom. Le fouet ne doit pas être appliqué comme une châtiment mais comme une pratique physique ! Dans le cas d’un mensonge, il lui reste l’expulsion ! Il est bien rare que la crainte de l’expulsion n’agisse pas vigoureusement, même sur les soumises rebelles, car il n’en est pas qui ne soient fières d’appartenir à leur Maître.
On peut remarquer que l’éducation anglaise, est une porte qui ouvre la voie à l’esclavage BDSM.
Suite de ma réflexion sur l’éducation anglaise
(24h après la publication)
Je vois l’éducation anglaise comme une recherche d’évolution dans la servitude du Maître.
Vouloir éduquer une soumise dans l’éducation anglaise, c’est aussi une recherche d’évolution dans la servitude de la relation.
Pour moi, l’éducation anglaise se trouve être dans l’art de se soumettre, dans l’art de soumettre, c’est une philosophie de soumission.
Dans le playing, je pense que l’on entre dans l’éducation anglaise, après chacun à son niveau, à son degré. Mais il est clair que l’on entre dans l’art de soumettre ou dans l’art de se soumettre.
Dans un playing, les enjeux sont simples, c’est l’art de servir : servir son Maître ou servir la relation. Dans un gaming, l’enjeu est de se faire un maximum plaisir.
Il est évident qu’il faut maîtriser l’art de soumettre ou de se soumettre pour aller dans l’esclavage BDSM.
Source : Max Leclerc , écrivain et éditeur (1864 – 1932)
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