Le lâcher prise dans les cordes ou dans le BDSM
Note 1 : Dans le présent document, les termes employés pour désigner des personnes sont pris au sens générique; ils ont à la fois valeur d’un féminin et d’un masculin.
Note 2 : Dans cet article, je vais vous parler du lâcher-prise en prenant appui sur mon expérience au gré des années dans les cordes ou dans le BDSM, cet article n’a pas de valeur universelle.
Vouloir avoir le contrôle sur soi, sur son environnement, lors d’une scène BDSM ou de Cordes, n’est pas une solution pour vivre pleinement la scène. Il faut apprendre à savoir faire confiance en sa personne dominante ou en son encordeur. Pour cela, il est capital de croire en soi. Déléguer permet de s’octroyer plus de liberté, ainsi cette confiance renforcée permettra enfin, le lâcher-prise. Par contre, lâcher-prise ce n’est pas se soumettre, se résigner, fuir ou approuver. Ce n’est pas non plus faire preuve de faiblesse ou de lâcheté.
Le Larousse définit le lâcher-prise comme un moyen de libération psychologique consistant à se détacher du désir de maîtrise.
C’est donc un acte libérateur qui implique une réelle volonté et un travail sur soi pour atteindre ses limites, accepter de changer d’attitude, accepter d’avoir confiance en soi, en son Maître, en son encordeur et en la vie. C’est aussi faire la paix avec son passé, avec son dernier mois, dernière semaine, sa veille, sa journée et c’est aussi pardonner, pour cela il faut renoncer à l’envie de vouloir contrôler son environnement, de vouloir contrôler son Maître, son encordeur, de vouloir se contrôler soi-même, de tout comprendre, d’avoir raison, voire d’avoir toujours raison.
Lâcher-prise est un acte plus puissant que de se défendre ou de s’accrocher…
Le lâcher-prise aura des effets bénéfiques sur le corps, sur l’esprit. En lâchant-prise on retrouve le calme, la paix intérieure et la sérénité. Le lâcher-prise permet d’apprendre à relativiser, à se concentrer, à améliorer son attention, à se focaliser, à prendre du recul, à adopter une attitude plus détachée par rapport aux problèmes, à apprendre à profiter pleinement du moment présent…
Le lâcher et la prise
Au commencement de toute « prise » se trouve l’ego, une conviction, un ressenti dont tout découle. Moi, Pierre ou Paul, j’existe indépendamment du tout, séparé, seul face à l’autre, c’est-à-dire tout le reste, tout ce qui n’est pas « moi » et qui, étant « autre », n’obéit pas toujours à ma loi. L’identification à ce très cher moi se paie au prix fort : me ressentant séparé, je vis à la fois dans la peur et dans une illusion de toute-puissance. « Seul contre tous », « Après moi le déluge », telles sont en somme les deux croyances sur lesquelles se dresse l’ego.
Lâcher-prise, c’est abandonner une illusion, celle de la séparation.
Ce lâcher-prise ne sous-entend en rien une négation de l’individualité. Pierre reste Pierre, Paul demeure Paul. Simplement, la partie se reconnaît comme expression du tout, la vague se sait forme du grand océan et, du même coup, reconnaît les autres vagues comme autant d’expressions de ce qu’elle-même est au plus profond. Par un apparent paradoxe, l’autre à la fois disparaît – nul ne peut plus m’être essentiellement étranger – et se trouve comme jamais reconnu dans sa différence existentielle. Le moi séparé cesse d’être l’étalon, la mesure de toute chose. Il n’y a plus de moi pour exiger de l’autre qu’il se conforme à mes critères.
Le lâcher-prise se produit dès lors que le moi accepte du Maître ou de l’encordeur, qu’il soit autre.
Le refus
Le sens du moi séparé se maintient instant après instant par le refus plus ou moins conscient de l’autre (c’est-à-dire de ce qui est – « Moi, je ne veux pas qu’il pleuve ce matin », « Moi, je ne veux pas que mon Maître fasse cela », « Moi, je refuse que ce qui est soit et je prétends mettre autre chose à la place » –), refus qui s’accompagne de la prétention sous-jacente à tout contrôler. Le fait même que « moi, je ne veuille pas » implique la conviction qu’il pourrait en être autrement parce que tel est mon souverain désir. Nous refaisons sans cesse le monde à grands coups de « si », de « quand » , au nom de ce qui « devrait être », « aurait pu être », « pourrait éventuellement être », et nos pensées vagabondent dans le passé ou le futur.
Ici et maintenant
Il est bien rare que nous soyons vraiment » ici et maintenant » – alors même que nous ne pouvons en fait être ailleurs qu’ici et à un autre moment que maintenant. Quoi que mon mental prétende, je me trouve là où sont mes pieds. Si je pense au passé ou au futur, c’est toujours maintenant. Passé, futur, ailleurs n’existent qu’en tant que pensées surgissant ici et maintenant.
Le lâcher-prise n’exclut en rien l’aptitude à prévoir, à organiser ni ne nous dispense de nos responsabilités. L’attitude d’ouverture inconditionnelle à l’instant ne conduit nullement à baisser les bras, à tolérer l’intolérable. Le lâcher-prise, dans l’immédiateté, est totalement compatible avec l’action dans la durée.
Le lâcher-prise n’est pas se résigner mais être conscient de ses limites.
Le fait que la personne soumise ou l’encordée pratique ici et maintenant le lâcher-prise dans une scène ou dans une corde ne la conduit pas à s’abstenir de venir en aide à son Maître ou à son encodeur. Bien au contraire, en s’épargnant les pensées parasites ou les atermoiements, ce positionnement intérieur lui permet d’agir plus vite, dans la mesure exacte de ses possibilités.
Proposer un acte
En lâchant-prise, la personne soumise ou l’encordée garde toute son énergie pour agir, plutôt que de la gaspiller. En renonçant à contrôler, elle obtient souvent de meilleurs résultats ici et maintenant. En vérité, son seul pouvoir, sa seule responsabilité réelle, s’exerce dans l’instant présent, lequel, bien sûr, prépare les instants futurs mais sans qu’elle puisse obtenir de garanties quant à l’avenir, y compris la seconde suivante. « La vie, c’est ce qui vous arrive pendant que vous êtes en train de faire d’autres projets » a dit John Lennon. Lâcher prise, c’est aussi cesser d’aborder l’existence avec une mentalité d’ »assuré tous risques ».
Quelle que puisse être la prétention du moi à contrôler l’avenir, la vie n’est pas une mutuelle et n’offre aucune garantie.
Le lâcher prise soulage
Le lâcher-prise est aussi le fondement de la vraie confiance en soi.
Tant que la personne soumise ou l’encordée se croit séparée et s’attribue un pouvoir sur ce qui est, elle ne peut que se surestimer ou se sous-estimer.
Dès l’instant où le moi est remis à sa place, il est reconnu pour exactement ce qu’il est, avec ses forces et ses faiblesses, ses limites naturelles totalement acceptées.
Mais il est vrai que le lâcher-prise va à l’encontre de nos conditionnements les plus ancrés. Toute la sagesse pratique du lâcher-prise se trouve sans doute synthétisée dans la magnifique prière des Alcooliques anonymes : « Donnez-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne peux pas changer, le courage de changer celles que je peux changer et la sagesse d’en voir la différence. »
Les obstacles au lâcher-prise
Il y a des éléments qui font obstacles au lâcher-prise : les fausses croyances, les “on-dit”, les fausses idées, représentations façonnées par l’environnement, par l’entourage, par les lectures, par les gamers, les conditions de vie, le manque de connexion avec son Maître ou son encordeur, etc.
Gardez bien à l’esprit que personne ne lâchera-prise à votre place.
Votre Maître, votre encordeur peut vous aider, vous guider sur le chemin du lâcher-prise, mais vous seule êtes capable de faire la démarche.
Le lâcher-prise est un des buts dans une soumission ou dans une corde.
Source : http://www.psychologies.com/
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