Le DogPlay
Note 1 : Dans le présent document, les termes employés pour désigner des personnes sont pris au sens générique, ils ont à la fois la valeur d’un féminin et d’un masculin.
Note 2 : Dans cet article, je vais essayer de vous parler du DogPlay selon mon point de vue.
Je distingue deux manières de pratiquer du DogPlay :
- Par le Cosplay
- Par la modélisation comportementale et attitudinale du chien
Le cosplay est une manière de se costumer. C’est un loisir qui consiste à jouer le rôle d’un personnage, animal en l’imitant. Je ne parlerai pas de ce type de DogPlay.
Je vais essayer de détailler le comportement et l’attitude du chien afin de permettre à la personne soumise dans le DogPlay de modéliser son comportement et son attitude. et pour permettre au Maître de communiquer efficacement avec sa chienne.
Toute transmission d’information équivoque ou incorrecte se traduira par une réponse de la chienne incorrecte.
Pour comprendre la modélisation comportementale et attitudinale du chien, il faut faire une approche éthologique et systémique.
Quelques définitions
La méthode systémique
La systémique (ou théorie des systèmes) est avant tout une méthode d’analyse de sujets ou de problématiques complexes. Elle s’attache à mettre en évidence :
- les relations existant au sein d’un système (système familial du chien, par exemple) ;
- les relations de ce système avec d’autres systèmes extérieurs (les amis, la famille, les voisins, le vétérinaire, le club canin, les médias, etc.).
L’objectif de la méthode systémique est de déterminer le plus précisément possible où se situent les causes de dysfonctionnement relationnel avec l’animal.
L’éthologie
L’éthologie se définit comme la science du comportement animal. Elle revêt 2 aspects :
- l’un basé sur la biologie et une méthodologie spécifique d’observation et d’étude des comportements ;
- l’autre pluridisciplinaire qui intègre différents courants scientifiques comme la paléontologie, la zoologie, la génétique, la médecine, la neurobiologie, la psychiatrie, l’écologie, etc.
L’éthologie permet donc de définir et situer :
- le comportement du chien en lui-même (que fait-il ?) ;
- le but de son comportement (à quoi cela lui sert-il ?) ;
- ce qui déclenche son comportement ;
- ce qui fait “naturellement” (ou non) s’arrêter ce comportement.
L’éthologie canine permet d’observer, analyser et comprendre les attitudes du chien, son comportement. Souvent on se demande pourquoi un chien aboie après tout le monde. La plupart des individus diront : “Parce qu’il est méchant, irritable, agressif, rancunier, dominateur, jaloux, possessif, rebelle, capricieux, territorial, etc.” Un éthologiste canin dira : “Parce que c’est un chien.”
La modélisation
La modélisation est la recherche, la conception d’un modèle. Le modèle dans notre cas n’est pas l’imitation mais plutôt la représentation. Dans le DogPlay, on ne va pas chercher à présenter le chien, mais à représenter le chien. Représenter le chien, est le présenter mais d’une nouvelle façon.
Un peu d’Histoire
Les archéologues s’accordent à dire que le chien fut une des premières espèces domestiquées par l’homme. Cependant l’origine de la relation homme-chien est encore sujette à controverses.
Mais s’agit-il d’une simple relation ? N’est ce pas plutôt une interaction, qui, à la différence de la relation, est une situation dans laquelle un des partenaires peut émettre des signaux que l’autre est en mesure de capter ?
Au sens éthologique du terme, la communication est une transmission de signaux, un échange d’informations. C’est un processus par lequel un individu, l’émetteur, influence le comportement d’un autre, le récepteur, en lui adressant des signaux.
Selon Bateson “On ne peut pas ne pas communiquer”. En présence d’autrui nous communiquons, déjà rien que par le fait d’être présent dans un même lieu.
Pons (Entre l’homme et le chien : une relation humanisée. Lyon : 2002) considère qu’une unité de communication s’assimile à un message et qu’une série de messages constitue une interaction. Même pour transmettre un message simple, nous pouvons combiner plusieurs modes de communications de manière congruente ou paradoxale si l’on ne maîtrise pas les règles de la communication.
La communication n’est pas simplement une transmission d’informations, elle induit forcément un comportement de la part du récepteur. En général, c’est la manière dont ont transmet ce message (ton, gestuelle, regard…) qui provoque ce comportement et non l’information elle-même.
Selon Hockett (linguiste américain) “la communication est de ces actes par lesquels un organisme déclenche le comportement d’un autre”.
Communication chez l’Homme
Communication verbale, non-verbale et para-verbale
Il faut différencier la communication verbale de la communication non-verbale ainsi que de la communication para-verbale.
Le langage permet la communication, mais aussi l’action, l’expression des émotions, le maintien du contact entre des interlocuteurs. Réciproquement, la communication n’est pas que verbale ; elle peut se faire par des gestes, des postures, des mimiques, des rapprochements, des vocalisations, des signaux éventuellement organisés en une langue artificielle, par la présentation d’objets produits selon un code artistique. Langages et communication sont deux ensembles en intersection ; ils ne se recoupent pas.
On peut dire que le langage est un moyen de communication, comme il peut être aussi un moyen d’exprimer sa pensée.
Il existe des communications non-verbales et para-verbales (para-langage), associées au langage. Au sens étroit, le para-langage s’applique aux modalités de la voix (modification de hauteur, d’intensité, de rythme…) qui fournissent des renseignements sur l’état affectif du locuteur.
Le langage non-verbal correspond aux communications purement gestuelles.
Communication canine
L’organisation sociale du chien est comparable à celle du loup dont il est le descendant : elle repose sur une hiérarchie qui se met en place et se maintient grâce à des moyens de communication très élaborés.
Structure sociale du chien
A l’origine, les chiens s’organisaient en meute. C’est un système dynamique qui règle les relations entre individus d’une même espèce occupant un espace donné. Il est donc nécessaire de savoir quelle place le chien doit occuper, pour éviter d’éventuels conflits hiérarchiques.
Organisation sociale
Une meute est organisée de la manière suivante :
- Au centre : les mâles et femelles dominantes, ainsi que les jeunes femelles dominées et les jeunes.
- A la périphérie : les jeunes mâles impubères de plus de 4 mois.
- La zone intermédiaire : les autres mâles, des femelles dominées ainsi que des femelles gestantes.
La hiérarchie
Elle est organisée de la manière suivante :
Chez les Canidés, les relations inter-individus sont du type dominance-subordination.
Le mâle dominant (l’alpha) est respecté par tous les autres membres de sa meute et possède certaines prérogatives ; il contrôle :
- La nourriture : il mange en premier, lentement et à la vue de tous. Il peut obtenir de la nourriture de la part de son entourage
- L’espace : choix du lieu de couchage, gestion des entrées et des sorties du territoire de la meute ainsi que des déplacements au sein du territoire,…
- Les contacts sociaux et la sexualité
Quant à la femelle dominante (l’alpha), c’est celle qui a la possibilité de se montrer en public avec un mâle dominant (l’alpha) et elle accapare les contacts avec le mâle dominant (l’alpha) pendant la période d’œstrus.
Les chiens ne vivant pas en meute (actuellement la plupart des chiens ) ont conservé ces valeurs et lorsqu’ils entrent en contact avec un congénère, ils établissent une hiérarchie grâce à de simples signaux « sociaux ».
Communication vocale
chiot nouveau-né
Il commence avec trois appels, deux pour les situations de détresse et un pour les autres situations.
Les vocalises de détresse : gémissements et jappements, permettent la réunion des chiots avec leur mère.
Les aboiements
- tonalités élevées lors du jeu ou lorsque l’animal est joyeux
- des tons plus bas lorsque le chien a peur
Les gémissements et les braillements
La nuance est faible et délicate à distinguer. Ce type de vocalises se fait entendre dans des situations pénibles (douleur, peur) ou dans le cadre de la soumission (le chien qui s’apprête à accepter la dominance d’un congénère, émet en général un cri, suivi de gémissements).
Les grognements
Le grognement avec découverte des dents, fait partie de la phase d’intimidation qui annonce un état d’agression. On les distingue des grognements d’agressivité grâce aux autres signaux utilisés.
Les grondements
Le grondement, bouche fermée, est souvent associé à un état de plaisir.
Les hurlements
Ils sont plus complexes. Toutes les races de chiens ne hurlent pas. Le hurlement se manifeste dans les situations de détresse majeure, comme dans les cas d’anxiété de séparation. Chez les loups, ces vocalises sont utilisées par les individus isolés et en quête de groupe. Le hurlement des chiens de traîneau est aussi un cas particulier. Il intervient dans la communication à grande distance.
Autres vocalises moins communes
Les vocalises comme le jappement, le cri perçant sont synonymes de soumission ou de douleur. Il existe aussi d’autres types d’émissions sonores ne faisant pas intervenir les cordes vocales comme par exemple les claquements ou les grincements de dents qui ont été observés lors de sollicitations au jeu, dans des comportements défensifs ou de peur.
Communication posturale et mimiques
Les comportements qui diminuent l’agression
On en distingue deux types : la soumission et les comportements d’apaisement.
La soumission :
On peut diviser le comportement de soumission en deux catégories :
- la soumission passive :
Le chien soumis a un regard fuyant, détourné du dominant ; ses oreilles sont couchées en arrière, sa queue portée basse entre les pattes s’agite plus ou moins. Ensuite l’ensemble du corps est recroquevillé, il se met en décubitus latéral avec un postérieur relevé. Le fait d’exposer ainsi son abdomen est un signe extrême de soumission car une attaque à cet endroit par un dominant, peut être fatale à l’individu soumis. Parfois, le dominé soulève un antérieur pour signifier une sollicitation au jeu ou une parade défensive. Ces postures sont souvent accompagnées de geignements.
- la soumission active
La soumission dite active, se distingue, quant à elle, par le fait que l’animal soumis s’approche de l’individu dominant. Cette approche est fréquemment accompagnée, au départ, d’un port de tête et de queue hauts. Lorsque le chien a atteint son but, il présente alors des signes de soumission passive. Le chien peut aussi uriner de soumission.
Comportements apaisants :
Les postures sont semblables aux postures de soumission mais interviennent soit après une bagarre, soit lorsque le dominé essaie d’amadouer son supérieur hiérarchique. Lors de situations de peur, le chien adopte une posture semblable à celle prise lors de soumission ; il vide, en général, ses glandes anales.
Les comportements apaisants sont des actes ou séquences d’actes qui permettent à un individu de prévenir, réduire ou stopper (inhiber) la production de conduites agressives chez un autre individu avec lequel il interagit.
Comportements de dominance et d’agressivité
Les postures qui, par illusions d’optique, augmentent la corpulence de l’individu les exprimant, font passer un message de dissuasion à l’individu auxquels ils s’adressent.
Le plus subtil de ces messages est celui du contact visuel , avec les paupières grandes ouvertes et le regard fixe, qui, lorsqu’il suffit, peut ainsi limiter la confrontation et d’éventuelles blessures.
Le second signal se situe au niveau de la gueule : les lèvres sont ramenées au coin de la gueule et éventuellement rétractées avec un grognement. La tête, le cou et les oreilles sont relevées au début du signal mais si la crainte devient trop intense le chien peut tout rabaisser. Cette dernière position s’apparente à celle de soumission passive mais chacune conduit à une étape ultérieure totalement différente.
Le chien crée l’illusion d’accroître sa taille, il raidit ses pattes pour maximiser la taille de celles-ci.
Le chien peut faire une morsure inhibée par alarme ou par peur.
Ces postures et mimiques s’accompagnent de grognements et/ou d’aboiements de menace.
Communication entre l’Homme et le chien
On doit établir une relation entre l’Homme, individu doué de parole, et un chien n’ayant pas cette capacité.
La communication entre l’Homme et le chien peut être présente, mais elle nécessite un dressage (apprentissage).
Dans le langage parlé, il faut distinguer le son émis, du sens donné à ce son. Par ailleurs, deux mots ou deux groupes de mots différents peuvent avoir un sens identique ou analogue : si vous dites à une soumise “assieds-toi” , ou “prends un siège”, dans les deux cas, elle comprendra que vous l’invitez à s’asseoir, le chien lui ne comprendra pas.
Le chien ne comprendra le mot que s’il est associé à un objet ou à un acte.
Pour parler à un chien, il faut associer le verbal, le non-verbal et le para-verbal. Ces trois modes de communication sont indissociables lors des contacts relationnels avec son chien. C’est la parfaite combinaison des trois qui attribuera son sens au message. Le message sera congruent.
En général, si le message est ambigu, le chien ne retiendra que la métacommunication (non-verbal et para-verbal). Lorsque la communication est bien établie, notamment par dressage (apprentissage), entre un propriétaire et son chien, ils ne “dialoguent” quasiment plus verbalement et se comprennent par de simples gestes et intonations.
Communiquer grâce aux postures et mimiques
Signaux corporelles
On peut répartir ces signaux corporels en quatre groupes :
- la position du torse par rapport à la verticale, trois positions :
- inclinée vers l’avant (approche dominante)
- verticale (neutre)
- inclinée vers l’arrière (approche dominée)
- la vitesse de déplacement (cinétique), trois types de cinétique :
- cinétique rapide (agression)
- cinétique lente et constante (approche apaisante et dominante)
- cinétique constante (vitesse moyenne constante) (approche neutre ou dominante)
- cinétique heurtée (avance entrecoupée d’arrêt) (approche dominée)
- la trajectoire d’approche
Elle sera directe si l’homme est confiant ou détournée, s’il est inquiet. La trajectoire directe va vers la tête ou le flanc. La trajectoire détournée contourne le chien et l’aborde par la croupe. On associera plutôt la trajectoire directe à une approche dominante et la trajectoire détournée , à une approche dominée. - le regard, deux paramètres : la direction du regard et sa persistance.
Ainsi, sa direction peut-être :- dans les yeux (provocation au combat)
- sur la croupe (regard du dominant)
- à côté (neutre ou dominé)
- en dessous de la mâchoire du dominant (regard dominé)
et sa persistance : - continuelle (approche dominante ou recherche d’un combat)
- interrompue (apaisement ou soumission)
Si le Maître donne un message verbal et qu’il n’associe pas les éléments posturaux adéquats, cela peut engendrer des situations paradoxales.
Le dressage
L’éducation du chien est indispensable à l’acquisition des comportements sociaux intraspécifiques.
Le dressage, contrairement à l’éducation, permet au chien d’acquérir des comportements qu’il n’utilisera qu’en présence de l’Homme, pour satisfaire son Maître. Ce n’est donc pas quelque chose de naturel et il faut bien en définir les règles.
Au-delà du transfert d’informations, le dressage implique qu’il y ait une véritable relation entre le Maître et son chien pour qu’il soit efficace. Pour cela, il faut que les messages émis par le Maître possèdent trois propriétés : lisibilité, fiabilité et acceptabilité.
L’anticipation
Dans le cas du DogPlay, je ne parlerai pas de la communication par imitation, par contre les actions et actes par anticipation existent bel et bien chez le chien.
Je range l’anticipation dans le DogPlay afin de rendre le DogPlay actif et non passif.
Les situations de défi à l’origine d’agressions
Quelques manifestations de dominance lors d’agressions :
Suite de cet article : Les bases de la communication dans le DogPlay.
Source : Anne Druguet : Communication intra et interspécifique chez le chien (2004).
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