Hypnose ou Subspace ?
Il est vrai que pour une personne qui n’a jamais assisté ou vécu un subspace, cela est impressionnant. Il est vrai aussi que beaucoup de préjugés courent sur la toile, ils sont véhiculés par des personnes “non-avertis”, mais vous pourrez observer que chaque personne qui émet des préjugés, des jugements (souvent de valeurs), est une personne qui n’a jamais vécu de subspace, voire pour certains qui n’en ont même jamais vus de leur vie ! Ils vous parleront de manipulation , etc.
Il demeure des éléments fondamentaux pour que s’opère ce subspace chez la personne soumise ou encordée. Il faut qu’il y ait une réelle relation entre le Maître et la personne soumise ou encordée, cela demande une énorme confiance entre les deux, cela demande une énorme sincérité, et surtout aucun mensonge ! Cela demande beaucoup d’attention et de concentration pour le maître comme pour la personne soumise ou encordée. Une donnée importante aussi que souvent les individus oublient, cela demande aussi que la personne soumise ou encordée est confiance en elle pour accepter cet état de subspace, de conscience altérée, de transe.
Je me dois d’être concentré, centré sur la personne soumise ou encordée. je dois avoir beaucoup d’attention et de précision dans ce que je fais, je dois être hypervigilant. Il me faut oublier mes problèmes, ma vie, mon passé, mon présent et ne pas penser à mon futur. Il me faut aussi avoir une énorme disponibilité.
Souvent les personnes “non averties” font l’amalgame entre un état d’hypnose et un état de subspace.
Hypnose ! Ce mot a pour chacun d’entre nous une connotation différente. Magique, mystérieux ou burlesque pour certain, il sonne thérapeutique, occulte, charlatanesque, spectaculaire pour d’autres ! Souvent galvaudé par les médias ou par certains BDSMistes. L’hypnose peut éveiller en nous peur, méfiance, sourire, curiosité… Pour d’autres cela éveille manipulation, perversion…
Il existe beaucoup de préjugés sur l’hypnose, notamment celui de mélanger hypnose (conscience modifiée) et subspace (conscience altérée).
Dans l’hypnose l’état de la conscience est modifié, alors que dans le subspace, l’état est altéré ! Comprenez bien la différence :
- “Modifié” veut dire que le praticien modifie, qu’il peut changer l’état de la conscience, donc il a une emprise sur le but de cette modification, sur le changement de la conscience. ;
- “Altéré”, cela signifie que l’élément déclencheur de cette altération n’a aucune emprise sur le changement de la conscience, sur le but de cette altération.
En psychocriminologie, l’altération du discernement en France dans l’alinéa 2 de l’article 122.1 du Code pénal : « La personne qui était atteinte, au moment des faits, d’un trouble psychique ou neuropsychique ayant altéré son discernement ou entravé le contrôle de ses actes, demeure punissable ; toutefois, la juridiction tient compte de cette circonstance lorsqu’elle détermine la peine et en fixe le régime ». Cela exprime bien que le but de cet état altéré n’est décidé par personne si ce n’est par la personne elle-même ! Alors que dans le cas de la modification, cela vient de l’extérieur ! Une personne A modifie l’état de la personne B, dans l’altération, il y a forcément un élément déclencheur, mais cet élément n’a aucune emprise sur l’état altéré de la personne !
Souvent lorsque les personnes ne comprennent pas quelque chose, comme dans ce cas le subspace, ils sont incapables d’amener une personne dans un subspace, que très peu de personnes ont la capacité d’amener une personne soumise dans un subspace, ils n’en ont donc quasiment jamais vu, à la vue d’un subspace, ils diront que la personne dominante ou l’encordeur a hypnotisé la personne soumise, qu’il pratique l’hypnose ! Or ils font un amalgame, ce n’est pas de l’hypnose (conscience modifiée), mais un subspace, une conscience altérée ! Ils placent une connotation péjorative et transmettent de fausses idées car ils cherchent à définir un état de conscience particulier qu’ils ne connaissent pas et qu’ils n’ont pratiquement jamais vu ! Ils transmettent ainsi des idées effrayantes car ils pensent que les hypnotiseurs ou que les personnes dominantes ont dans ces états-là un contrôle absolu sur la personne hypnotisée ou sur la personne qui est dans le subspace !
Que l’on soit dans l’hypnose ou dans un subspace, on n’est pas sous les ordres de l’hypnotiseur ou de la personne dominante ! En réalité, pendant la séance dans le cas de l’hypnose ou de la scène dans le cas du subspace, une partie consciente appelée “observateur caché” reste en éveil ! Ainsi, il est impossible de faire ou de faire faire à quelqu’un quelque chose contre sa volonté, contre son éthique, ou sa morale ! Pour mieux comprendre cela, il faut savoir que la motivation est indispensable au changement ! Ce changement d’état (conscience modifiée pour l’hypnose ou conscience altérée pour le subspace) se fait avec le consentement, l’autorisation de la personne.
Je rajouterai aussi que la personne ne dort pas, ni dans l’hypnose, ni dans le subspace, si le mot hypnose vient du grec “hypnos” signifiant : “sommeil”, le “dormez !” ainsi que le claquement de doigt que fait la personne dans l’hypnose de spectacle et la fréquente immobilité du sujet en hypnose n’a rien de commun avec le sommeil, pas plus avec l’état d’éveil ordinaire.
L’hypnose est un état naturel que chacun de nous, qu’on le veuille ou non, peut expérimenter au quotidien lorsqu’on est absorbé par un livre, un bon film, ou tout simplement entrain de rêvasser. C’est un état communément appelé “Etat de conscience modifiée”, peut aller de la détente légère, à une relaxation plus profonde selon les personnes, les moments de la journée, le contexte, etc… Je précise que l’état de conscience modifiée correspond à l’hypnose, alors que dans le BDSM ou les cordes, on parle de conscience altérée !
Si du point de vue du spectateur, il ne fait pas du tout la différence entre une hypnose et un subspace, la personne dans son subspace va vivre quelque chose de totalement différent. Dans une hypnose de spectacle, on dit à l’hypnotisé ce qu’il doit faire, on l’allonge entre deux tréteaux, on lui fait oublier des choses, dans l’hypnose thérapeutique, on vous aide à aller mieux, à atteindre un objectif, dans le subspace, la personne n’est pas du tout guidée, elle ira ou elle veut, elle fera son voyage sans guide là où elle a envie d’aller, rien ne lui est suggéré ou commandé !
Souvent dans un subspace, la personne reste consciente de ce qu’il se passe, elle perd simplement la notion du temps, elle entend les bruits, les musiques, elle entend les paroles, qu’elle aura plus ou moins de mal à se souvenir du contenu, mais elle sait souvent qui a parlé. Voilà pourquoi on parle de conscience altérée. Elle garde toujours son “observateur caché”.
Dans son subspace, la personne n’oubliera rien, elle ne perdra rien, mais pendant un instant, elle aura pris du recul avec toutes les contraintes de sa vie, elle sera en pleine “zénitude”. Il peut arriver quelquefois que la partie inconsciente crée des amnésies momentanées, partielles, elles se créent de manière naturelle, la personne dominante ou l’encordeur n’a aucune emprise sur ces amnésies.
Tout le monde n’est pas hypnotisable, comme tout le monde n’a pas la capacité de partir dans un subspace ! Théoriquement nous sommes tous capables de partir en transe, puisqu’il s’agit d’un état naturel. Mais la crainte, le manque de confiance, la peur, les préjugés font que certains montrent une résistance inconsciente ou consciente et n’ont pas cette capacité de partir en subspace.
De même qu’il est impossible de ne pas sortir de cette transe, de ce subspace ! Avec le temps, et la cessation de la scène, la personne va au bout d’un moment sortir de sa transe, de son subspace. Par contre, parfois, l’état de transe qui est très agréable peut donner envie à la personne de ne pas en sortir, de continuer d’en profiter, donc ce sera plus long pour en sortir. Le problème étant lorsque le temps pose souci pour une raison ou autre…
Léon Chertok définit l’hypnose ainsi : “L’état d’hypnose apparait comme un état de conscience modifié à la faveur duquel le praticien peut provoquer des distorsions au niveau de la volition (Acte par lequel la volonté se détermine. La volonté vise à la production d’un changement et traduit son choix en volition (action)), de la mémoire et de certaines perceptions sensorielles”. Dans un subspace, il n’y a aucune volition, aucune distorsion de la mémoire ou perception sensorielle !
Le processus en hypnose est d’utiliser des méthodes dites d’inductions pour les personnes en transe. Dans l’hypnose de spectacle, l’hypnose de scène, ils utilisent la suggestibilités très fortes de certaines personnes pour leur faire faire des choses amusantes, inhabituelles pour divertir le public.
Personnellement, tout comme l’hypnose thérapeutique, je déconseille fortement d’amener, dans un subspace, des personnes qui sont porteuses de troubles psychotiques (paranoïa, psychose maniaco-dépressive, schizophrénie…) ainsi que des épileptiques. Je resterais prudent sur ces types de maladies.
Que ce soit l’hypnose ou le subspace, l’objectif est d’obtenir chez l’individu un état de conscience lui permettant d’avoir accès à des ressources inconscientes. Les différences résident aussi bien dans la manière d’obtenir cet état de conscience que dans l’esprit dans lequel est conduite la séance ou la scène elle-même.
L’hypnose classique est caractérisée par un abord très directif et dominateur de l’hypnotiseur. Les sujets sont choisis par l’hypnotiseur selon un choix basé sur leur sensibilité à cet exercice. Souvent même les choix ont été faits avant le spectacle. Souvent même l’artiste arrive à ses fins grâce au désir du spectateur d’être le centre d’attention de la soirée.
En hypnose, tout est dans l’art de la suggestion, du savoir-parler, de la communication. Par contre comme dans le subspace, l’adaptation à l’autre est importante pour y arriver, et pour atteindre le subspace ou l’état hypnotique, il existe différente techniques ou moyens certes, mais chaque individu est différent, unique. Il est donc nécessaire dans les deux cas de s’adapter à la personne concernée et non d’attendre que la personne concernée s’adapte à nous. C’est sans doute pour cette dernière raison, que la plupart des BDSMistes ou encordeurs n’arrivent pas à conduire la personne soumise ou encordée dans le subspace, ce n’est pas à la personne soumise ou encordée de s’adapter au Maître, ou à l’encordeur !
Le Maître ou l’encordeur doit comprendre que l’important n’est pas ce qu’il fait, comment il le fait, mais ce qu’il fait vivre ! Pour amener une personne dans son subspace, il faut lui donner l’opportunité de générer, de créer une réalité virtuelle qui va lui permettre de voyager en laissant de côté sa vie, ses problèmes, son passé, son présent. Voilà pourquoi une personne dominante ne pourra pas amener une personne soumise dans son subspace, car sa finalité est de dominer la personne, alors que le Maître cherche à maîtriser, ce qu’il fait, ce qu’il produit, les effets et conséquences de ce qu’il génère, produit !
Le but pour amener au subspace est de favoriser la dissociation conscient/inconscient pour obtenir cet état de transe. Le maître doit permettre, donner les outils à la personne soumise, de mettre le côté cartésien, logique (hémisphère gauche) au repos, au profit du côté créatif et créateur, facilitateur de ressources (hémisphère droit).
Au cours de la scène, la personne soumise ou encordée peut avoir une dissociation du temps et/ou de l’espace, tout se passe comme si la personne était ici, et en même temps ailleurs. Elle peut avoir une dissociation du sujet, la personne soumise ou encordée peut se voir en train de faire quelque chose, il peut être spectateur de ce qu’il est en train de vivre, ce que l’on appelle une OBE (Output of Body Experience (une expérience hors du corps)).
Pour amener vers ce subspace, il y a une forme d’induction. Cela consiste à amener la personne soumise ou encordée à se déconnecter progressivement de la réalité extérieure (logique, maîtrise, analyse) pour lui permettre d’entrer en relation plus intime avec lui-même avec son corps, mais également instinctive, intuitive, par rapport au monde qui l’entoure, mais à la différence de l’hypnose qui elle le fait par la suggestion. Dans le subspace, je le fais par un travail sur leur respiration, elle reste maître de leur induction, c’est leur décision, leur choix, rien ne leur est suggéré ! Dans ma manière de les amener dans leur subspace, je n’utilise donc que l’induction par focalisation, je leur demande qu’elles se focalisent sur leur respiration, afin qu’elles se maîtrisent, qu’elles se calment, qu’elles se concentrent. Je n’utilise pas d’induction par souvenir agréable, sensorielle, ou olfactive et gustative.
Je ne leur suggère rien, il n’y a pas de suggestion dans le travail que je fais pour les guider, les accompagner dans leur subspace. La suggestion est utilisée dans l’hypnose. Suggérer est synonyme d’insinuer, d’inspirer, de sous-entendre. Souvent dans la vie de tout à chacun, les suggestions sont utilisées dès lors qu’il y a une communication (avis, conseil …).
Je peux des fois utiliser un ancrage, afin d’aider la personne soumise ou encordée à trouver un état émotionnel positif, agréable, sécurisé. Souvent mon ancrage est en lien avec leur respiration. Je vais donc synchroniser ma respiration sur la leur, quitte à utiliser mon souffle afin de leur apporter cette confiance nécessaire pour qu’elles atteignent un état émotionnel agréable, positif, sécurisé.
Je vais aussi utiliser par exemple les cordes comme moyen d’ancrage, elles nous lient, cela permet d’atteindre cet état de connexion nécessaire pour que la synchronisation ait lieu. La synchronisation par le biais de la connexion me permet de leur parler à travers les cordes, et leur permet de me répondre à travers les cordes aussi, ainsi je peux les accompagner, les suivre et contrôler leur état émotionnel, afin de les sécuriser, de les protéger pendant leur corde, pendant leur subspace.
Dans l’hypnose, surtout celle de spectacle, ils vont utiliser la catalepsie, la lévitation d’un bras, l’analgésie, pour l’amener dans son subspace, je n’utilise pas cela.
Pendant un subspace, il se peut que la personne soumise ou encordée ait une distorsion du temps, une amnésie partielle, des hallucinations, chaque subspace est différent, personne ne le vit de manière identique, mais il est impossible de faire ou de faire faire à quelqu’un quelque chose contre sa volonté, contre son éthique, ou sa morale ! Son “observateur caché” sera toujours vigilant quoi que le Maître ou l’encordeur fait ou dit !