La connexion dans le BDSM, dans les cordes
Le BDSM n’est pas une histoire de technique ou de jeux. C’est plutôt, un moyen d’établir une connexion et d’exprimer notre côté créatif, dominant en créant une expérience partagée plus profonde et significative.
Tout le monde cherchent de suite à utiliser tous les jouets, impacts, pratiques possibles. Tout le monde veut mettre son/sa bottom/soum/esclave dans le subspace, qu’ils/qu’elles se sentent soumis. Ne pas oublier que pratiquer le BDSM ne veut pas dire être performeur, faire des performances.
Pratiquer le BDSM, est avant tout générer, créer, vivre une relation à deux. Ce qui compte le plus dans une séance : la connexion. Une connexion entre le/la Dom/Top/Maitre/sse et le/la bottom/soum/esclave. Une connexion aussi bien physique que mentale. Se connecter pour partager et construire une expérience significative pour que chacun nourrisse sa mémoire… Se connecter pour vivre la dichotomie du plaisir et de la douleur. Être dans l’instant ensemble. Cela peut se faire avec ou sans jouets et avec ou sans corde. La création d’une connexion n’a pas grand-chose à voir avec une technique ou une pratique.
Utiliser notre matière grise, notre cerveau pour communiquer, pour se connecter. Il est notre meilleur ami. dans la communication 7 % du langage passe par les mots, 38 % par le ton le timbre et l’intonation de la voix et 55 % par le langage du corps. Non seulement le langage du corps donne son tempo au dialogue, mais en plus il en transforme sa teneur. Au-delà de la transmission de l’information, c’est sur la nature de l’information elle-même que le langage du corps a un impact. Le message non-verbal transforme la teneur même des messages que s’envoient les interlocuteurs. Le langage non-verbale comprend le langage corporel, les expressions faciales, les mouvements oculaires, les sourires, les frissons, les rires, les attouchements, les câlins, les baisers, les étreintes, la gestuelle… Dans l’échange, les informations envoyées et reçues sont ainsi hiérarchisées à partir de critères émotionnels. En nous traversant, les émotions nous permettent de comprendre ce qui est important. Elles peuvent transformer totalement la teneur de la communication verbale. En observant autour de nous, on s’aperçoit que certains visages, certains corps donnent confiance. Ils donnent envie de s’ouvrir. Nous sentons confusément une résonance avec ce que nous sommes. Certains ont une capacité plus grande à l’empathie. Par certaines attitudes, mouvements, micromouvements, le/la Top/Dom/Maitre/sse regardent et communiquent, se connectent avec leur bottom/soum/esclave, ce qui ouvrent bien des portes. Les personnes dominantes adressent aux personnes soumises des indices corporels susceptibles de les voir s’ouvrir. Des indices corporels traducteurs de leurs émotions. L’ouverture de ces portes exprime que les deux personnes sont connectées.
Le rapport entre la communication verbale et non verbale, leur importance à l’une et à l’autre, dépend d’autres facteurs qu’une mesure quantitative issue d’une seule expérience. Lors d’une oralité seconde (tél, fax, courrier, télévision, internet, le virtuel, …), le langage corporel observable, ne peut pas être pris en compte dans la communication. Ce qu’il convient de garder à l’esprit, c’est qu’en interaction, le langage corporel est une composante de la communication qui l’a fait évoluer à notre insu, ce que ne font pas les mots sous cette forme, simplement parce que les mots sont toujours employés consciemment.
D’une certaine manière à son insu et au nôtre, les effets du langage corporel sont plus insidieux. Et l’oublier serait se cantonner à ne pas comprendre ce qu’est réellement la communication, la connexion.
Pour améliorer la connexion, il faut développer nos compétences et nos capacités en synergologie (syn (grec ancien σύν, sún) → avec, ensemble | ergo (grec ancien ἔργον, érgon) → travail, actif | logie → du grec λογία signifiant doctrine, théorie, et venant aussi du grec λόγος signifiant de discours, traité | synergologie → Etymologiquement être actifs en situation de production de discours). La Synergologie est une discipline dont l’objet est de mieux décrypter le fonctionnement de l’esprit humain à partir de son langage corporel, afin d’offrir la communication la mieux adaptée, ce qui engendrera une connexion. Elle est ancrée dans un champ pluridisciplinaire au carrefour des neurosciences et des sciences de la communication. Décoder le corps c’est décoder le cerveau, observer le corps agissant, c’est observer l’esprit en mouvement.
La synergologie permet de comprendre autrui à travers sa gestuelle.
La personne avec qui l’on est en relation, est un être de relation qui est sans cesse en interaction. Un modèle relationnel implicite a donc peu à peu émergé du lexique corporel pour répondre aux impératifs de la relation.
La théorie de la relation, un héritage ancestral : L’être humain est un être social capable de symbolisation. Mais l’être humain, en accédant à son humanité, a-t-il fondamentalement changé de dynamique relationnelle ?
La perspective synergologique incite à penser que lorsque l’être humain en situation d’insécurité se sent déstabilisé, c’est encore et encore parce qu’il est pris dans un rapport de forces forgé dans la nuit des temps et continuant à se reproduire dans les mêmes termes.
Si l’être humain ne peut pas échanger d’égal à égal. Il n’y a pas de relation d’égal à égal dans une relation Top/bottom, Dom/soum, ou Maitre/slave. L’être humain tentera de se situer soit au dessus, au dessous ou à l’écart de l’autre, il générera trois dimensions : le haut, le bas, l’extérieur. Ces réalités sont incontournables, et le développement cognitif humain, l’explosion du cerveau de l’Homme n’a pas modifié d’un iota cette réalité sur le fond. L’être humain, comme il y a des millions d’années, va se caparaçonner dans une de ces trois positions de base appelées, figures d’autorité pour en reproduire la dynamique.
Conséquent avec lui-même, l’être humain endossant une figure d’autorité, se mettra à réfléchir selon les choix logiques spécifiques suggérés par la figure d’autorité mentale et corporelle qu’il a intériorisé. Le système des neurones miroirs amène d’ailleurs non consciemment chacun, à prendre en compte la figure d’autorité jouée par l’autre et à s’adapter à cette attitude. Les figures d’autorité sont repérées de cerveau à cerveau à l’insu des personnes elles-mêmes. Les IRM traduisant par des images cérébrales en trois dimensions l’activité du cerveau, en attestent. Les acteurs observent l’autre à son insu ce qui est logique, mais aussi à leur insu même !
Si les figures d’autorité sont observables chez l’être humain, les trois figures primaires sont également présentes dans le règne animal, ancrant s’il était besoin de le faire, mieux encore la synergologie dans le champ évolutionniste.
Cinq traits idéaux sont à l’oeuvre dans le modèle relationnel défini lorsque la relation cesse d’être égalitaire, et que la personne sort de ce qui est défini comme un espace d’authenticité.
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La relation devient le fait d’un rapport de forces ;
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Les acteurs se co-déterminent non consciemment à jouer une figure d’autorité ;
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Se positionner face à la personne qui parle devient plus important que l’information elle-même…
Dans une relation BDSM :
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Le/la bottom/soum/esclave ne doit pas chercher une relation d’égalité, doit maîtriser son psyché afin de lutter contre ce rapport de force, il n’y a pas de rapport de forces, c’est une rapport choisi. Il/elle a accepté son positionnement, il y a un engagement.
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Les acteurs là, ont bien déterminé consciemment à jouer une figure d’autorité ;
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Le/la bottom/soum/esclave ne doit pas se positionner devant son/sa Top/Dom/Maitre(sse), l’information véhiculée par ce/cette dernière est plus importante.
Cela reste un combat, une lutte non pas contre l’autre, mais contre soi-même.
Ces trois figures d’autorité de base, supérieure, inférieure ou extérieure correspondent également aux trois réactions de base face au danger, là encore nées dans la nuit des temps : se battre (position supérieure), fuir (position inférieure) ou ne plus bouger (position extérieure).
Dans nos modes d’interaction socialisés par le langage, le discours en figure d’autorité peut sembler positif ou négatif et la personne se trouve en position haute ou basse selon qu’elle est celle qui parle ou celle qui écoute. La difficulté relationnelle dans le BDSM se situe justement là, ce n’est pas celui qui parle qui se trouve pas en position haute, et la personne qui écoute en position basse. Le/la Top/Dom/Maitre(sse) doit toujours être mis en position haute et le/la bottom/soum/esclave se trouve toujours en position basse.
En relation, le discours verbal a tendance à être soutenu par de petits gestes qui pourraient sembler inutiles, car en théorie l’interlocuteur de celui qui parle ne les regarde pas vraiment. Mais ces petits gestes auraient disparu s’ils étaient vraiment inutiles. L’être humain ne fait rien pour rien et chaque fois qu’il dépense de l’énergie c’est pour une raison précise, la restauration d’un équilibre. Ces petits gestes en apparence anodins permettent d’aller stimuler une aire cérébrale liée à la production verbale. C’est le principe de l’homéostasie. Et relation, parce que l’échange se co-construit dans l’instantanéité du moment, que les interlocuteurs doivent se répondre sur le champ, une aire cérébrale connexe à l’AMS (Aire Motrice Supémentaire) est stimulée, lors de la production gestuelle qui aide à trouver ses mots.
La production gestuelle permet un autre phénomène : inconsciemment, celui qui écoute prend en compte les gestes de celui qui parle.
Ces gestes colorent et donnent toute profondeur au discours. Si vous dites à votre interlocuteur « Le ciel est bleu » c’est l’expression de votre visage et la nature de vos gestes qui vont lui permettre de comprendre quelles sont les intentions de votre message. Vos expressions gestuelles permettent de comprendre que vous cherchez lorsque vous dites que le ciel est enfin bleu, que le ciel est encore bleu, que le ciel est bleu alors qu’il était prévu qu’il pleuve. Vos gestes associés à l’expression de votre visage expriment votre intention. Avec les gestes, les partenaires de communication se livrent les uns avec les autres à une forme d’accordage à la fois affectif et cognitif, se connectent mutuellement.
Les gestes apportent parfois des informations supplémentaires et permettent de densifier la relation. D’ailleurs, sans cela d’un point de vue ontogénétique, ils auraient disparu à l’apparition des mots, ce qu’ils n’ont pas fait. C’est sans doute là une des questions les plus fascinantes auxquelles se trouve confrontée toute réflexion sur le non verbal. Au moment où nous nous attendions à voir disparaître les gestes, parce que les mots les remplaçaient, ils se sont mis au contraire à proliférer. Les grands gestes décrivant les choses remplacées par une multitude de petits gestes permettant de nuancer les mots et de faire passer un certain nombre d’états d’être. D’un point de vue plus technique, de multiples catégories de gestes sont apparues, des attitudes conscientes, mi conscientes, non conscientes, comprenant des gestes figuratifs, projectifs, symboliques, d’engramme.
Mais surtout le geste qui servait jusque là de support informationnel à la communication, en est devenu un support relationnel.
La connexion n’est pas une histoire de pratique, c’est une histoire humaine.
- (O) Ouverture : appréciation de l’art, de l’émotion, de l’aventure, des idées peu communes, curiosité et imagination ;
- (C) Conscienciosité : autodiscipline, respect des obligations, organisation plutôt que spontanéité ; orienté vers des buts ;
- (E) Extraversion : énergie, émotions positives, tendance à chercher la stimulation et la compagnie des autres, fonceur ;
- (A) Agréabilité : une tendance à être compatissant et coopératif plutôt que soupçonneux et antagonique envers les autres ;
- (N) Neuroticisme ou névrosisme : contraire de stabilité émotionnelle : tendance à éprouver facilement des émotions désagréables comme la colère, l’inquiétude ou la dépression, vulnérabilité. (retour)
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