La catégorisation dans les Réseaux Sociaux Numériques (RSN) du BDSM ou des cordes
“Ce n’est pas parce que nous les opprimons qu’ils occupent des positions subalternes, mais parce qu’ils ne sont pas capables, en réalité, de faire ce que nous faisons et qu’ils ne font rien pour le devenir” (Leyens, 1996).
La catégorisation
La catégorisation désigne une activité mentale qui consiste à organiser et à ranger les informations de l’environnement. Dans une catégorie d’individus, ils sont classés en catégorie selon leur ressemblance. Elles sont organisées hiérarchiquement et elles sont représentées par un élément typique.
Le processus de catégorisation repose sur une simplification de la réalité. Cette simplification consiste à accentuer les ressemblances entre les éléments d’une même catégorie, et à accentuer les différences entre les ressemblances.
Le contenu d’une catégorie n’est pas stable : il est le produit d’une perception et dépend du contexte.
La catégorisation en psychologie sociale s’applique à l’étude des relations sociales. Dans les relations sociales, il y a un effet de “filtrage” qui constitue une perception catégorielle, c’est-à-dire le classement qu’un individu réalise sur d’autres individus. Cette catégorisation aura une influence sur la relation interindividuelle.
Les produits de la catégorisation
Les informations de l’environnement sont catégorisées en réseaux sémantiques hiérarchisés.
Au sein d’une catégorie, certains éléments sont considérés comme plus typiques, c’est-à-dire plus caractéristiques de la catégorie.
Chaque catégorie est représentée par un prototype, un élément abstrait qui regroupe les traits les plus saillants des éléments de la catégorie.
Les processus de la catégorisation
Pour décider si un élément fait parti de la catégorie, l’individu :
- compare cet élément au prototype ;
- recherche un élément existant qui serait son proche voisin ;
- prend en compte la fréquence des caractéristiques présentes chez les éléments de la catégorie.
Effets de la catégorisation sur les groupes
Il existe un biais de contraste et un biais d’assimilation entre deux catégories différentes, et les différences sont perçues comme plus différents qu’ils ne le sont dans la réalité.
Les membre d’un groupe mentionnent davantage de différence entre les membre de leur catégorie (endogroupe) que dans les membres d’un autre groupe ‘exogroupe). Il y a un biais d’homogénéité endogroupe et un biais d’homogénéité exogroupe.
Lorsque l’appartenance catégorielle d’un individu est connue, le sujet à tendance à lui attribuer les traits stéréotypiques de sa catégorie, sans prendre la peine de les vérifier. C’est le biais d’induction et de déduction.
Pour les catégories dévalorisées, le nombre d’éléments appartenant à la catégorie est surévalué, c’est le biais de surinclusion. Pour les catégories valorisées, le nombre d’éléments appartenant à la catégorie est sous-évalué, c’est le biais de surexclusion.
Les relations intergroupes
Les différences interculturelles ou physiques entre les groupes encouragent les discriminations et les préjugés, mais elles ne sont pas nécessaires au déclenchement d’un conflit intergroupe.
C’est la relation de confrontation qui est à l’origine de l’hostilité.
Il faut savoir que l’individu se soumet à la situation dans laquelle il est placé. Il est rapidement dominé par le rôle qu’on lui attribue, le problème des modérateurs dans les groupes sociaux. C’est la situation qui est à l’origine des comportements individuels.
L’individu passe de l’état autonome à l’état agentique. Il y a un dilemme dans l’obéissance : un conflit entre l’obéissance à soi et l’obéissance aux autres. De ce fait sont expliqués les actes de soumission à l’autorité. Il est navrant de constater à partir du test de Milgram, à quel point les individus, lorsque leur responsabilité n’est plus en jeu, acceptent de se soumettre à l’autorité même quand elle est abusive, inacceptable. La différence se fait sur l’idée d’autonomie afin de distinguer toute forme d’obéissance passive :
« L’état agentique, explique Milgram, « désigne la condition de l’individu qui se considère comme l’agent exécutif d’une volonté étrangère, par opposition à l’état autonome dans lequel il estime être l’auteur de ses actes. » «
La théorie de la comparaison sociale
Si la distance entre soi et autrui est faible, l’individu éprouve de la satisfaction. Si la distance est importante, l’individu est insatisfait et met tout en oeuvre pour diminuer cet écart.
La réalité sociale est l’ensemble des individus qui auxquels se réfèrent le sujet. Elle constitue un champ de comparaison. L’individu prend en compte une partie de ce champ afin de comparer ce qui est comparable : c’est le champ de référence.
Si le sujet perçoit un écart avec son groupe, il va :
- se rapprocher des individus du groupe (conformisme) ;
- rapprocher les autres de lui (influence minoritaire) ;
- réduire davantage son champ de référence.
L’identité sociale
L’appartenance groupale : le fait d’appartenir à un groupe crée une identité sociale chez le sujet. L’identité sociale correspond à “la partie de soi qui provient de la conscience qu’à l’individu d’appartenir à un groupe social, associée à la valeur et à la signification émotionnelle qu’il attache à cette appartenance” (Tajfel, 1981).
L’ancrage identitaire : le processus de catégorisation permet à l’individu de se définir et de définir autrui. L’identification en tant que membre d’un groupe permet au sujet de positionner à l’intérieur du groupe social, ce qui favorise une structuration de l’environnement social.
La valeur associée : à travers la comparaison sociale, une valeur positive ou négative est attribuée au groupe. Cette valeur résulte d’une comparaison avec d’autres groupe sociaux.
L’effet de valeur : cela dépend de la force du lien entre le sujet et son groupe. Plus le lien est distendu, plus il aura une identité individuelle, il accordera alors peu d’importance à la valeur associée au groupe. Plus le lien est étroit plus il aura une identité sociale, cette identité sociale sera satisfaisante ou insatisfaisante. Si l’identité sociale est satisfaisante, le sujet cherche à maintenir ce qui existe, voire l’améliore. Si l’identité sociale est insatisfaite, le sujet recherche un changement et déploie des stratégies individuelles (le sujet peut changer de groupe : c’est la mobilité sociale ou il peut chercher à surpasser les membres du groupe) ou groupales (le sujet peut faire en sorte qu’une différenciation existe en faveur de l’endogroupe, cela aura pour but d’améliorer l’identité sociale et l’identité individuelle).
Les stéréotypes
Les stéréotypes sont des schémas de pensée qui permettent de simplifier la réalité, sans, il y aurait une surcharge mentale. Les individus utilisent les stéréotypes comme explication du comportement d’autrui. Il faut considérer les stéréotypes comme utiles ou nuisibles.
On peut distinguer deux types de stéréotype :
- les autostéréotypes dont la cible est l’endogroupe. Le contenu est plutôt positif.
- les hétérostérotypes dont la cible est l’exogroupe. Le contenu est plutôt négatif.
La différenciation des contenus des stéréotypes dans le monde vanille est souvent illustrée par le genre, l’appartenance sexuelle (homme/femme), dans le BDSM, elle sera illustrée par le genre aussi, l’appartenance à la posture (Dom/soum), et dans les cordes par le genre aussi, l’appartenance à la posture (encordeur/encordée).
Le contenu des stéréotypes :
- L’individu relie les évènements auxquels il est confronté et cherche à leur donner une cohérence ;
- La théorie de l’équilibre cognitif : l’individu recherche des invariants pour comprendre son environnement relationnel et l’organiser de façon stable (ou équilibrée). La rupture de l’équilibre entraîne un conflit chez l’individu. Le sujet rétablit alors l’équilibre par un travail dynamique de remise en cohérence et d’harmonisation des relations interindividuelles ;
- La théorie des attributions causales : l’individu établie des relations causales entre les événements auxquels il est confronté, afin de mieux les maîtriser. Le sujet distingue deux types de cause : les causes personnelles, relatives aux individus eux-mêmes, et les causes impersonnelles, relatives à l’environnement. Souvent le sujet fait l’erreur fondamentale (liées à l’attribution causale) : l’individu privilégie les explications internes (dues au sujet) et sous-estime les facteurs externes ou environnementaux ;
- La théorie de la dissonance cognitive (Festinger, 1957) : l’individu cherche à réduire ses faits de pensée ou ses faits comportementaux qui sont contradictoires. L’individu cherche ainsi à rétablir un équilibre cognitif. Les stéréotypes sont alors maintenus et expliqués, parce que leur remise en question entraînerait une trop forte remise en cause de l’ordre établi.
Stéréotyper, c’est répondre à un besoin de simplifier les données environnementales. Mais cette simplification ne consiste pas en une simple réduction de l’information, car celle-ci est réorganisée de manière à répondre à un besoin d’expliquer la réalité.
Les incidences des stéréotypes
- Baisse de l’estime de soi : les individus cibles d’un stéréotype négatif développent des dispositions à échouer et ont tendance à une attitude d’évitement ou d’auto-défaite ;
- L’effet Pygmalion : les individus ont tendance à s’ajuster au jugement et aux stéréotypes (négatif ou positif) qui sont émis à leur encontre ;
- Le conformisme du groupe :
- Un groupe dominé qui est l’objet d’un stéréotype négatif émis par un groupe dominant aura tendance à adopter ce stéréotype ;
- Cela provient d’une sorte de fatalisme : toute chose qui survient est quelque part méritée…
Tout individu qui refusera d’être stéréotypé, se verra exclu de groupe, ou sera en permanence la cible des “stéréotypeurs” .
One thought on “La catégorisation dans les Réseaux Sociaux Numériques (RSN) du BDSM ou des cordes”
Bonjour,
Il est exact que nous sommes toujours catégorisé ou stéréotyper dans la vie Vanille. Mais, je trouve par contre que dans le milieu bdsm on ne ressent pas cela, surtout au sein des Nuits Obscures, enfin c’est mon impression.