Soumise ou esclave ?
Note 1 : Dans le présent document, les termes employés pour désigner des personnes sont pris au sens générique, ils ont à la fois la valeur d’un féminin et d’un masculin.
Note 2 : Dans cet article, je vais essayer de vous parler de la différence entre une personne soumise et une personne esclave dans le BDSM selon mon point de vue.
Il faut différencier l’esclavage BDSM, de l’esclavage d’”antan” :
- L’esclave d’”antan », comme dans la ”traite négrière », est le fait qu’un être vive selon des règles qui lui sont imposées, selon une “loi” subie. L’esclave d’”antant” se définit par une fondamentale hétéronomie.
- L’esclave BDSM se définit par une fondamentale autonomie : L’esclave BDSM est un être qui vit et interagit avec le reste du monde selon sa propre nature, selon une “loi” choisie.
Dans le BDSM, pour les bottoms (soumise ou esclave) on parle souvent de consentement. La plupart du temps les individus ne voit le caractère de consentement uniquement dans le fait que le Top (Dominant ou Maître) attende le consentement de sa bottom, pour faire.
Derrière ce mot consentement se cache aussi une notion très importante, qui la plupart du temps est oubliée. La meilleure manière de consentir, de montrer son consentement n’est pas forcément dans l’oralité, il ne suffit pas de le dire, il faut le faire ! Il ne suffit pas de le dire, il faut “faire” le consentement !
Comment le faire ? Simplement en travaillant sa soumission à son Top (Dominant ou Maître). On montre par son travail sur sa soumission que l’on est bien consentant. Cette autonomie dans son travail servile, se différencie bien d’un travail à caractère avilissant. Lorsqu’un Top demande à sa bottom de se mettre à genou, cela peut être perçu par autrui comme étant avilissant. Mais si le Top ne demande rien et que la bottom, d’elle-même, se met à genou à côté de son Top, alors cela devient compliqué de percevoir cette action comme étant avilissante, comme une posture hétéronome.
L’esclave d’”antant” se caractérise par une fondamentale hétéronomie : il est en effet la forme la plus extrême du travail accompli pour autrui, travail qui “implique, selon Moses I. Finley, non seulement que “d’autres” recueillent une partie de ses fruits, mais qu’ordinairement ils contrôlent de façon directe le travail fait et ses modalités d’exécution” : non seulement l’esclave d’”antan” ne peut définir le but de son travail et en organiser le déroulement, mais il y est contraint par un Maître qu’il ne peut quitter et qui a, de fait, le droit de le tuer s’il prétend y échapper.
L’esclavage BDSM est davantage un travail accompli sur soi afin de satisfaire autrui.
Je vois fréquemment les individus, dans le BDSM, observer autrui. Une observation avec souvent des conclusions hâtives qui s’appuient fréquemment sur des terribles simplification prenant appui sur les affects et non sur la raison. La posture d’une bottom est observée, et l’analyse qui en ressort se porte uniquement sur le rendu visuel.
Au regard, on perçoit très bien la différence entre une bottom et un Top. L’observation visuelle nous permet de définir la soumise, mais je ne pense pas qu’elle nous permette de définir l’esclave.
Si l’esclavage BDSM se définit par une fondamentale autonomie, comment évaluer par une simple observation visuelle de quelques minutes, le travail intrinsèque de la bottom ? Comment percevoir les luttes, l’engagement, les batailles, les guerres, les émotions, les affects, les ressentis, les sentiments… qu’elle cherche à maîtriser en elle ?
Le Top qui travaille sa maîtrise, qui atteint un certain niveau de maîtrise de sa posture se verra appeler : Maître. Donc, on va différencier le dominant d’un Maître par sa maîtrise. Encore faut-il distinguer le Maître d’un artefact (exemple : un Maître dans les impacts, dans le fouet, dans les cordes…) du Maître BDSM, qui ce dernier est plus une Maîtrise de la Discipline, de sa D/s.
Mais la bottom qui travaille continuellement la maîtrise de sa posture, la maîtrise de sa soumission, comment est-elle différenciée de la soumise qui ne fait que vivre une soumission (de manière très passive d’ailleurs), qui ne fait que montrer visuellement qu’elle est bottom et non Top ?
Je vois souvent des individus en recherche d’attention, voulant qu’on s’occupe d’eux dans la soumission. Ces personnes acceptent d’obéir à partir du moment qu’elles sont le centre d’attention du Top.
Lorsque le Top atteint un certain niveau de maîtrise prend l’appellation : Maître. Je pense que la bottom qui atteint un certain niveau de maîtrise prend l’appellation : esclave BDSM.
Après il est de l’ordre à tout à chacun, à chaque couple BDSM, à chaque Top, de savoir lorsque le travail de sa bottom, lorsque les moyens qu’elle se donne pour parfaire sa soumission, pour se remettre en question, pour entendre les remarques, les critiques, non plus sur des temps partiels, mais quotidiennement font qu’elle entre dans une travail servile de sa soumission de manière autonome, qu’elle est active dans sa soumission, qu’elle entre dans cette appellation d’esclave BDSM.
Je ne pense pas qu’on différencie une esclave d’une soumise par son masochisme, par sa capacité de vivre des pratiques BDSM hards.
Je ne pense pas non plus qu’on les différencie par leur obéissance, par définition une soumise obéit, lorsqu’elle n’obéit plus, lorsqu’elle dit non, qu’elle refuse, elle perd par là sa posture de soumise.
Je pense qu’on différencie l’esclave d’une soumise par le travail intrinsèque sur son attitude et sur son comportement pour aller chercher la maîtrise de sa posture afin de servir au mieux son Top. On se trouve plus dans l’ordre d’un travail cérébral que d’un travail physique.
Finalement, est-elle esclave de son Top ou est-elle esclave de son travail de soumission ?
Avec ce travail accompli sur soi afin de satisfaire son Top, la bottom peut prendre du plaisir, beaucoup de plaisir. Elle peut trouver son bonheur dans son travail. Ce travail sur soi souvent soulage bien des maux. La bottom trouvera la récompense de son labeur dans le regard, l’attitude et le comportement de son Maître. Elle pourra y lire toute sa fierté !
Je pense vraiment que la bottom qui atteint un certain niveau de maîtrise de sa soumission prend l’appellation : esclave BDSM. Une esclave BDSM autonome dans la servitude de son Top.