Pourquoi sommes-nous attirés par le BDSM ?
Le BDSM peut se définir par la servitude, la discipline, le sadisme et le masochisme, mais il y a beaucoup de mystique, de tabous et de pornographie. Par contre, il n’y a pas beaucoup de science. Les études montrent qu’environ 2% de la population est impliquée dans le BDSM. C’est à peu près la même que la population homosexuelle sexuellement active.
Le BDSM implique souvent des relations sexuelles avec des cordes, des impacts et autres qui peuvent, en cas de mauvaises manipulations, une mauvaise maîtrise, causer de graves dommages. Un personne assume habituellement le rôle Dominant (Top) alors que qu’une autre prend le rôle de soumis (bottom). En tout état de cause, les individus ont incorporé la servitude, la douleur et l’échange de pouvoir dans leurs pratiques sexuelles depuis des milliers d’années. Mais les scientifiques ont historiquement rejeté le BDSM comme condition psychologique, plutôt que comme une préférence sexuelle. Freud la qualifié d’anormal (avec la plupart des rapports sexuels) et, en 1987, la pratique du BDSM, a même reçu son propre diagnostique psychiatrique officiel dans le DSM III.
Seulement maintenant, les scientifiques commencent à repenser le BDSM. Il y a même une « Science of BDSM Research Team » de Northern Illinois University qui se consacre à étudier comment nos corps et nos esprits répondent à des stimuli non conventionnels. Les communautés de BDSM trouvent de nouvelles façons de se connecter et d’interagir sexuellement à l’aide de forums, des Blogs, des sites, des médias sociaux et des applications de messagerie spécialisées.
Rihanna a chanté une fois « la douleur est un plaisir, parce que rien ne pouvait mesurer ». Certains scientifiques ont décidé de voir à quel point c’est vrai et ont commencé à étudié le BDSM.
Les aspects non sexuels du BDSM
La première surprise lorsque les scientifiques se sont finalement rassemblés pour étudier le BDSM fut la découverte qu’il pouvait être non sexuel. Cela ne veut pas dire que le BDSM n’implique généralement pas le sexe, mais que le désir de jouer avec la douleur et, en fait, la soumission et la domination, ne nécessite pas nécessairement de sexe. En fait, une étude de 2014 a révélé que les amateurs de BDSM étaient souvent intéressés par un mode de vie, un art de vivre, une philosophie de vie, pour les mêmes raisons que d’autres personnes mangent des poivrons du chili, font de l’alpinisme, gravissent des montagnes ou joue au football, etc.
« La question de savoir pourquoi quelqu’un préfère le masochisme à l’escalade peut être comparable à la question de savoir pourquoi quelqu’un préfère le parachutisme à l’alpinisme », a déclaré Roy Baumeister, Ph.D., de Case Western University en 1988.
Comment la sexualité devient une maladie mentale
Une étude récente de l’équipe de Resarch Science of BDSM a comparé la psychologie et la physiologie des pratiquants du BDSM aux pratiquants des rituels douloureux et non sexuels comme la marche sur des chardons ardents ou le piercing extrême du corps. Ils ont trouvé des similitudes. « Nos données suggèrent que les séances BDSM et les rituels extrêmes pourraient représenter des itinéraires multiples pour atteindre les mêmes états de conscience altérés, des chemins différents pour atteindre le même but », notent-ils.
Pour leur étude, les chercheurs ont interviewé des sujets engagés dans des rituels extrêmes et BDSM, et ils ont prélevé des échantillons de cortisol (une hormone du stress) de leur salive. Les résultats suggèrent que les Dom (Tops) et les soum (bottom) ont des états de conscience altérés. Bien qu’ils aient signalé les niveaux inférieurs de stress, les participants ont souvent connu une augmentation de leurs taux de cortisol (ce qui devrait indiquer plus de stress, pas moins). Et dans les tests cognitifs après l’action, les résultats suggèrent que les états mentaux altérés lors des rituels extrêmes sont particulièrement prononcés.
Ce qui correspond bien à ce que les pratiquants du BDSM décrivent comme « subspace« , une sorte de transe que les soum (bottom) expérimentent lorsqu’ils se livrent à leurs activités SM. Certains amateurs de BDSM s’engageraient dans cette pratique juste pour méditer ou s’évader, comme ceux qui s’engagent dans des rituels extrêmes le font souvent avec l’objectif d’entrer en transe.
Amour, Cortisol et Testosterone
En ce qui concerne le cortisol, des études antérieures ont montré que l’augmentation du taux de cortisol n’est pas seulement associée au stress, mais aussi « dans les situations où l’on s’implique beaucoup, ou l’on ne peut pas prévoir, ou l’on ne peut pas maîtriser ce qui va se passer », l’augmentation du taux de cortisol peut être associée au BDSM consensuel.
En jouant de cette observation, les scientifiques ont mené des entretiens avec 58 participants et mesuré leurs niveaux de cortisol et de testostérone.
Ils ont constaté que les soum (bottom) avaient des niveaux plus élevés de cortisol pendant leurs séances, alors que les Dom (Top) avaient un niveau faible de cortisol. Après la séance, les Dom (Top) et les soum (bottom) ont montré une diminution de leurs niveaux de cortisol.
La surprise est venue lorsque les scientifiques ont mesuré les taux de testostérone, cette dernière est impliquée dans la domination. Les soum (bottom), et non les Dom (Top), sont ceux qui ont les niveaux les plus élevés de testostérone. Quelles en sont les raisons ? Déjà, certains rapports anecdotiques suggèrent que les personnes dominantes sont soumis dans leur vie vanille, ce qui expliquerait pourquoi ils cherchent à dominer, et du coup qu’ils ont une faible niveau de testostérone. Une autre explication possible est que les soum (bottom) contrôlent indirectement la relation et les séances, par le fait de négocier les limites dans la relation, ils savent aussi qu’ils peuvent utiliser le safeword faire cesser la séance, ce qui leur donnerait un certain pouvoir. Ce qui est un peu un voyage en toute puissance, et cela peut influencer leurs niveaux de testostérone. Parce qu’en réalité, ils ne sont pas soumis. Ce genre de personnes soumises aujourd’hui sont appelées : souminateurs ou souminatrices, et les personnes dominantes qui entrent dans ce jeu sont nommées : douminateurs ou douminatrices.
Les chercheurs en ont donc conclu que le BDSM provoque au moins une chimie hormonal inattendue dans le corps humain, ainsi que des sentiments inattendus. Ceux qui pratiquent le BDSM déclarent qu’ils ont des relations de proximité plus élevées après chaque séance. Les séances rapprocheraient donc les individus.
Qu’il s’agisse ou non des hormones, cela a des implications intéressantes pour la santé sexuelle et psychologique des personnes qui se lient et se fouettent. Lorsque le BDSM est pratiqué consensuellement, il a le potentiel d’accroître l’intimité entre les participant.
C’est votre cerveau sur BDSM
Que se passe-t-il dans un cerveau BDSM ? Bien qu’il y ait des dizaines d’études psychologique sur le BDSM, il n’y a presque aucune recherche neurologique sur des personnes impliquées dans des séances BDSM (et il n’est pas difficile d’imaginer pourquoi ils n’ont pas d’IRM dans la plupart des donjons).
L’une des seules études visant à aborder directement les neurosciences sur le BDSM a été publiée il y a près d’une décennie dans la revue Biological Psychology. Les chercheurs ont utilisé l’IRMf (Imagerie par Résonance Magnétique fonctionnelle), une technique qui met en évidence les parties actives du cerveau en surveillant les niveaux d’oxygène dans le sang et a demandé à deux groupes : des sujets BDSM et vanille, de regarder des images érotiques induisant le dégoût. Parmi les deux groupes de participants, plusieurs structures cérébrales (le cortex occipital, l’hippocampe, le thalamus et l’amygdale) semblaient être impliquées dans le traitement des photographies érotiques et dégoûtantes.
L’implication est claire: il peut y avoir une voie neurologique commune entre ce que l’on craint et nous dégoutte et ce qui nous excite sexuellement.
« De nombreuses structures limbiques et extralimbiques sont activées de manière similaire pendant le plaisir sexuel et le dégoût », écrivent les chercheurs. « Cet examen issu de la neuroimagerie révèle que le traitement d’émotions agréables et désagréables partage plusieurs structures cérébrales ».
Par contre, cela ne permet pas de savoir pourquoi les cordes et les fouets transforment certaines personnes, et effrayent tout simplement d’autres personnes.
Certaines personnes sont attirées par le BDSM, mais cette étude ne peut pas dire avec certitude pourquoi les gens sont dans BDSM. Il y a des différences en termes d’activation cérébrale, mais tout n’est pas encore clair.